Bien-Aimé !

Critique pour la saga entière. [quelques spoils, attention]

Je viens juste de terminer le dernier tome (le 13). La série de l'Assassin Royal est décidément une saga qu'il faut lire ! Robin Hobb a vraiment une écriture merveilleuse et son traducteur a du faire du bon travail également.

J'ai eu du mal à me lancer dans le premier tome... l'installation de son univers prenait un peu de temps, le personnage enchaînait les tâches inintéressantes, je ne m'y attachais pas plus que ça... J'ai mis beaucoup de temps à le lire, autant dire qu'il a traîné un long moment sur ma table de chevet... Mais à partir de la moitié, 3/4 du premier tome, j'ai vraiment pris goût au livre, au personnage, à l'univers. Une fois passées les 200 premières pages, on ne peut plus s'arrêter ! Alors pour ceux qui ont du mal au départ, insistez un peu avant d'abandonner, j'aurais regretté de passer à côté de ça.

Le découpage français en 13 tomes (au lieu de 6 en anglais) se ressent à la lecture. Certains livres concentrent plus d'action que d'autres, sont moins équilibrés (l'action est au début et tout le reste est plus calme, on a peu l'habitude d'avoir cette structure). Le 1er et le 13ème tomes sont particulièrement touchés par ce phénomène. Il faut les lire tous d'une traite pour ne pas ressentir ce problème et ne pas s'occuper des coupures. (C'est peut-être mieux dans les intégrales de la Citadelle des Ombres qui semblent mieux coupés).

Le personnage principal Fitz est très attachant, très humain (à tel point que parfois on a envie de lui mettre des claques tant il se plaint... bon cela dit la plupart du temps, il n'a pas une vie franchement facile et on le comprend !), j'ai beaucoup aimé suivre l'évolution de sa psychologie/personnalité. Certains aiment moins la seconde partie de l'histoire (15 ans après) ; il est vrai que Fitz a évolué, a muri, est devenu plus adulte... Pour ma part, ça ne m'a pas dérangé, au contraire et le personnage est teinté d'une nostalgie qui fait qu'on ne se sépare jamais vraiment des premiers tomes.
Les personnages secondaires sont bien développés, ce qui fait vraiment plaisir : marre de la fantasy où il y en a que pour le héros. Le fou est vraiment un personnage qui m'a fasciné et le lien qu'ils partagent, à la fois mystérieux mais unique, est vraiment un élément fort dans le livre. Je ne parle pas d'Oeil de Nuit dont j'ai aussi adoré la présence : qui n'a jamais rêvé d'avoir un loup en animal domestique et en ami ? Et même Burrich, Vérité, Kettricken, Umbre, Patience... J'ai apprécié de voir que Robin Hobb en avait fait aussi de "vrais" personnages, complexes, humains, avec qui le héros avait des relations évolutives, qui prennent vraiment une place importante dans l'histoire et dans l'intrigue : on est pas dans une intrigue où le héros poursuit son objectif tout seul, déconnecté du monde, où sa quête ne le questionne pas sur ses rapports aux autres... Je pense que c'est ce qui fait réellement la qualité de cette saga et de l'auteure : l'humanité qu'elle arrive à incorporer à ses personnages.

L'écriture à la première personne participe pleinement à notre immersion, à tel point qu'on finit parfois par s'oublier soi-même (et c'est ce qui nous fait voyager !).

Concernant la fin, j'ai été un peu déçue (le découpage français encore une fois n'arrange rien) car le treizième tome est finalement assez "vide" : l'auteure prend soin de donner une fin à tous ses personnages, je pense que c'était nécessaire, mais là j'avoue que ça fait très happy end (je n'ai jamais trop accroché à Molly ce qui explique aussi peut-être ma déception.

Ca me ravit de savoir que l'auteure a décidé de prolonger la saga. C'est ce qui me console, car je suis définitivement triste de devoir quitter Fitz et ce monde si merveilleux ! Espérons que sa suite soit aussi convaincante que l'était déjà Fool's fate !