Anne a fait le mur pour s’évader de prison. Malheureusement, la réception a été douloureuse, sa cheville a craqué. Fracture de l’astragale et pas question d’appeler les secours pour lui venir en aide. Elle a rampé jusqu’à la route. Une voiture s’est arrêtée, l’homme lui a dit de ne pas bouger, qu’il allait revenir la chercher. Cet homme, elle ne le sait pas encore, c’est Julien, le futur grand amour de sa vie, un voyou comme elle. Il va lui trouver une planque, dans une ferme isolée avec un couple pas trop regardant sur ses pensionnaires. Elle va y traîner sa patte cassée, jusqu’au jour où la douleur va devenir insupportable et qu’elle accepte d’aller à l’hôpital, sous pseudo évidemment. Une longue convalescence s’annonce avec, comme épée de Damoclès, le risque de se faire reprendre et de retourner en taule.
L’astragale, c’est l’autobiographie d’Albertine Sarrazin. Un texte culte sur la vie en cavale et les combats d’une femme en marge, prête à tout pour préserver sa liberté. C’est aussi une romance tourmentée, une histoire d’amour contrariée par la dureté de la vie. Les mots sont crus, ils bousculent. Anne se livre, entière, sans filtre. La sexualité en prison, la prostitution, son rapport à la douleur, son goût pour la boisson, ses rencontres avec des personnages hauts en couleur. Et Julien, qu’elle ne cessera d’attendre, dont chaque visite est un rayon de soleil. Un témoignage brut qui dit toute l’urgence d’une existence sur un fil pour celle qui mourra à 29 ans, suite à une erreur médicale, après avoir, en tout, passé huit ans en prison et avoir épousé son sauveur Julien.