La fantasy, à ses origines, est avant tout source de récits épiques, aux héros musclés, à la sword and sorcery pure et dure, et aux affrontements titanesques.


Et malgré le fait que ce genre littéraire soit désormais affublé d'une tonne de sous-genre, ayant depuis longtemps quitté le cercle de l'heroic fantasy à la Abraham Meritt, j'attendais le jour où je pourrai me délecter d'une aventure épique qui mettrait enfin l'accent sur des éléments d'ordinaire annexés.


C'est là qu'entre en scène l'auteur français Régis Goddyn et son Ensorceleur des Choses Menues. Fort d'une précédente saga en sept volumes intitulée Le Sang des 7 Rois, il revient donc, à l'occasion d'une réédition de son œuvre chez l'Atalante, pour nous offrir un récit d'aventure hors des clous.


Et pourtant, aux premières pages, on se dit qu'il y a quand même anguille sous roche : le duo de protagonistes principal est un classique du genre, avec d'un côté la jeune fille, Prune, en quête de réponse et d'un endroit mystérieux à l'autre bout du monde, et de l'autre Barnabeus, un vieil homme dont le travail est d'aider le peuple grâce à ses sortilèges du quotidien. On suit donc ce beau monde à travers villes, montagnes, désert... et bien plus loin encore.


Mais rapidement, le style de Goddyn nous emporte, tant il est riche en détails et proche d'une plume Jaworskienne. La douceur qui en émane est stupéfiante, comme si tout ce récit, pourtant riche en rebondissements, nous prenait la main à travers une mer de coton. Le plus brillant étant finalement son traitement de la quête d'immortalité de l'humanité et de ce que l'on lègue à sa mort.

La notion de descendance est donc la clé de voûte de la réflexion autour de cette quête jusqu'à Agraam-Dirith, un lieu chargé de mystère, et donne à réfléchir au lecteur qui y découvrira aussi une fantasy "sociale", préférant laisser la part belle aux classes populaires.


Enfin, le duo de protagonistes est touchant de par le lien qui les unit progressivement, et la plume de Goddyn n'est pas en reste pour nous permettre de mieux comprendre leurs réflexions introspectives. Malgré une deuxième partie plus lente, au final un brin poussif, on ne rechigne pas son plaisir face à une lecture aussi qualitative, et l'on espère vite refouler les terres grises aux côtés de Prune et Barnabeus !

Créée

le 1 juil. 2022

Critique lue 18 fois

1 j'aime

5 commentaires

Critique lue 18 fois

1
5

D'autres avis sur L'ensorceleur des choses menues

L'ensorceleur des choses menues
M_le_maudit
7

Les petits sorts font les grands voyages

Retour aux affaires de Régis Goddyn avec ce nouveau roman, première parution depuis la fin de la série Le sang des 7 rois. Cette fois-ci, nous sommes face à un one-shot, purement inscrit dans le...

le 13 avr. 2019

3 j'aime

L'ensorceleur des choses menues
CelineRouquie
9

Encore un brillant roman de Régis Goddyn !

Comme la saga Le Sang des 7 rois écrite par le même auteur, cette histoire évolue dans un univers médieval-fantasy que j'affectionne particulièrement. On y suit les aventures d'un vieux magicien sans...

le 24 mars 2020

Du même critique

Black Phone
Le-Maitre-Archiviste
4

It 2.0 ?

Après une attente fébrile pour le nouveau film de Scott Derrickson, l'homme derrière le terrifiant Sinister ou encore le vertigineux Dr Strange, voici venu le temps de le découvrir en salles ! Loin...

le 11 juil. 2022

16 j'aime

1

Zemmour contre l'histoire
Le-Maitre-Archiviste
8

L'Histoire est une arme

L'instrumentalisation de l'Histoire à des fins politiques, ça ne date pas d'hier. Les historiens polémistes de tout bord, les récupérations de citations de personnalités publiques de source...

le 6 févr. 2022

15 j'aime

10

La Route
Le-Maitre-Archiviste
10

La Route de l'Âme

La carrière du dessinateur Manu Larcenet est à l'image de l'humain dans toute sa complexité : un véritable clair obscur, contrasté par des créations tantôt lumineuses et douces amères (Le Retour À La...

le 29 mars 2024

14 j'aime

5