Oeuvre colossale en 5 volets, le "Quinconce" de Charles Palliser est vraiment un récit à part. A la fois roman historique et social à la Dickens et polar en costumes à la Collins, ce premier tome pose les jalons d'une intrigue complètement envoûtante, je dirai même plus, engluante.

John Huffam n'est qu'un enfant quand débute la narration. On ignore qui est son père ; il vit à la campagne avec sa mère, dans un cottage discret. Une vie "à l'abri des regards" dans une atmosphère feutrée déjà toute empreinte de mystère. Mrs Huffam possède et conserve par devers elle certain document légal qui pourrait bien offrir des perspectives de richesses et de considération à son fils mais le problème est que ce document semble un objet de convoitise pour un peu trop de monde... Très maternelle et excessivement esseulée, Mrs Huffam sera confrontée à un dilemme : protéger son fils contre ses ennemis tout en préservant son innocence en le tenant dans l'ignorance de ses origines et desdits ennemis. Hélas pour la frêle et douce Mrs Huffam, dans l'Angleterre du XIXème siècle, se fier aux mauvaises personnes et pécher par excès de naïveté ne peuvent qu'entraîner chute et danger...

Ce roman très noir est absolument captivant pour plusieurs raisons. Déjà, son écriture. Je ne savais absolument rien de Charles Palliser avant d'entamer la lecture du "Quinconce" et dès les premiers chapitres, j'aurais traité de menteur quiconque aurait prétendu qu'il ne fût pas contemporain de Charles Dickens et de Wilkie Collins et pourtant...ce roman a été publié en 1989 ! Je ne peux donc que tirer mon chapeau à l'auteur (et au traducteur) pour sa plume magnifique. La plongée dans le contexte qu'il a choisi est bluffante.

Ensuite, l'intrigue qui se dessine est aussi complexe que sombre. Étayées d'une foule de personnages truculents, la plupart inquiétants, les (més)aventures de John Huffam s'enchaînent sans laisser de répit au lecteur qui est souvent malmené, déboussolé, étonné, perplexe mais jamais abandonné. Englué, je vous dis !

Enfin, le caractère et la physionomie du personnage principal, le petit John, ne peuvent qu'éveiller l'amitié et la compassion du lecteur. Sa quête d'identité et de justice devient vite la nôtre. Cet enfant, on a envie de le protéger, de le secourir, de l'aimer... même si la plupart du temps, on ne peut hélas que souffrir avec lui.

De la grande littérature ! Je ne peux que vous inciter à tenter l'aventure.
Gwen21
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le 1 avr. 2014

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Gwen21

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