J’avais réellement vécu une très grande joie littéraire en lisant Je Suis une Légende. Découverte de Richard Matheson, auteur adulé par Stephen King (on suspecte que ça n’est donc pas un manche). Eh bien, rebelote avec cet « homme qui rétrécit » qui, sans avoir la portée épique et absurde de « Je suis une légende », reste un divertissement extrêmement honnête.
On suit ici les tristes péripéties d’un père de famille, qui après avoir été aspergé d’un liquide mystérieux au cours d’une balade en bateau, va mystérieusement rétrécir. Le bouquin commence sur les chapeaux de roues, prenant le parti d’évoluer sous forme de flashbacks plutôt qu’en déroulant un classique fil chronologique. C’est assez malin en définitive, puisque cela dynamise un peu les tristes souvenirs de notre narrateur. N’oublions pas qu’à l’échelle de notre héros, une miette de pain est un mur de 6m et une araignée, une revisite de Starship Troopers.
On passera sur le rationnel « scientifique » du roman, qui n’est ici ni de la hard SF, ni de la SF à bien y réfléchir. On est plus ici sur un traitement fantastique du rétrécissement : évidemment, on essaiera bien de trouver des explications ici ou là… Mais on a malgré tout l’irruption du surnaturel évoquant assez facilement les mécaniques narratives d’un « Horla », par exemple. Par ailleurs, le tout est assez difficile à gober si l’on souhaite quelque chose de solide… Mais rassurez-vous, on ne le souhaite pas du tout. Et c’est ici la magie de ce roman : le postulat de base accepté, tout est rythmé et délicieux. Matheson présente des facilités évidentes pour nous plonger dans un quotidien absolument barré où chaque banalité est une nouvelle aventure (comprenez bien que tout le roman se passe… Dans une pièce).
« L’Homme qui rétrécit » est donc un excellent divertissant. Beaucoup plus restreint dans ses ambitions que « Je suis une légende », c’est un court roman qui accompagnera une ou deux soirées et vous rappellera à quel point la simplicité est parfois louable.