Une lecture digne de n'être jamais finie.

C'est un lieu commun que de l'écrire, et pourtant c'est si vrai : Robert Musil n'ayant jamais pu achever le second tome ce roman, peut-être que le premier est la partie la mieux maîtrisée, la plus contenue de ce chef-d'oeuvre du XXe siècle. Aucun éloge ne suffira dans la mesure où c'est l'oeuvre d'une vie que de lire et percevoir la puissance de cette oeuvre, de même que ce fut l'oeuvre d'une vie que de ne pas réussir à l'achever. Chaque phrase est une sentence qui mérite d'être soulignée, citée, étudiée, portée aux nues et justifie à elle-seule (chaque phrase) que toute l'oeuvre fût écrite en imaginant que le reste fût médiocre. Je n'imagine pas que l'on puisse avec honnêteté mettre une note de 3 ou 4 à une telle œuvre ; sauf à être un de ces petits écrivaillons frustrés qui trouvent en tout l'occasion de se sentir vexés. Je crois que devant le génie, il n'y a qu'à s'incliner qui soit intelligent.

Bref, il n'y a pas de mots assez forts pour décrire ce texte à la fois philosophique, esthétique, politique et existentiel.