Novella divertissante, mêlant des éléments de SF et de fantasy, très américaine dans son écriture à la première personne, détourant des personnages dont il s'agit pour nous de comprendre des motivations psychologiques dont les ressorts sont, essentiellement, l'amour, l'argent, la vengeance et la morale. Loin de tout vertige métaphysique - on rêve de ce qu'Herbert aurait fait d'un thème alliant résurrection, démiurgie et possibilité de manifestation des dieux via un médium biologique - on ne s'ennuie pas pour autant à suivre les tribulations de Francis Sandow, faiseur de mondes, porteur de Nom, à la recherche de ceux, chers ou haïs, qu'on lui prouve revenus des morts.

L'aspect futuriste du propos est essentiellement exotique - s'il s'agissait d'invoquer moyens peu ordinaires et races étrangères, un univers de fantasy serait largement suffisant, d'autant que les dieux ne sont absents de l'histoire, bien au contraire. Que l'on soit dans un monde futuriste sert l'écriture de trois façons différentes, et assez accessoires au fond :
1. le cadre d'identification : ce monde est relié au nôtre par le même procédé qui nous sert à nous relier aux mondes de notre passé.
2. les connotations exotiques : voyages spatiaux, planètes, races aliens ne sonnent pas du tout comme téléportation magique, multivers (eg : Moorcock), races locales.
3. le contraste : c'est le seul ressort qu'un monde de fantasy n'aurait pu conférer à l'histoire. Les dieux sont présents, de façon inexplicable pour es personnages, à côté de manifestations qu'en revanche ils s'expliquent fort bien (scientifiques et techniques, donc, pour ce qui les concerne - pour le lecteur, ça ne change pas grand chose). Mais de ce contraste, Zelazny ne fait pas grand chose (juste un léger ressort _dramatique_.

Et c'est en cela qu'on est monde de fantasy : il ne s'agit pas d'un laboratoire d'idée travaillant sur une humanité possible, trait qui à mon sens fait le propre de la SF, mais d'un monde-jouet à visée essentiellement narrative et divertissante - et dont, ici, la contrepartie "métaphysique", disons quant aux fins premières et dernières, est absente.

Bref, c'est sympathique. Sans plus.
Kliban
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le 22 déc. 2010

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