L’empire laconien est tombé, libérant les treize cents systèmes solaires de la domination de Winston Duarte. Mais l’ancien ennemi qui a tué les constructeurs de portes est réveillé et la guerre contre notre univers a recommencé.


La Chute du Léviathan est le dernier roman d’une série dont il condense toutes les qualités et tous les défauts. Une dimension supplémentaire s’impose ici puisque ce roman est le dénouement d’une saga longue de neuf livres pour un total de près de 6.000 pages. Le lecteur attend donc le dénouement des intrigues, les réponses aux mystères de l’univers, et la destinée des différents personnages.


Le résultat final, comme d’habitude, est très contrasté. Un univers intéressant, de bonnes idées, quelques personnages très réussis, des échanges et des situations qui tissent souvent une expérience de lecture agréable, une conclusion qui répond aux attentes, des moments très émouvants mais également des dénouements très prévisibles, une traduction et une édition bâclées, une qualité littéraire générale très discutable, un rythme très inégal (il faut attendre les 60 dernières pages du roman pour qu’on entre réellement dans le vif du sujet), et des moments très gênants de platitude : la conclusion d’un des personnages principaux, au terme d’une aventure de plusieurs décennies, est que les humains doivent apprendre à faire preuve de plus de gentillesse les uns envers les autres.


Il faut cependant souligner que les trois derniers tomes de la série sont probablement les meilleurs, et qu’ils relèvent nettement la qualité générale de l’ensemble. La Chute du Léviathan clôt la série d’une très belle manière, avec les quelques réserves qui accompagnent l’ensemble du cycle.


James S.A. Corey : La Chute du Léviathan – 2022


Originalité : 4/5. Même si elle est dans l’ensemble sans réelles surprises, cette conclusion reste captivante à plusieurs égards.


Lisibilité : 4/5. Dans la lignée des deux tomes précédents. Idem pour les catégories suivantes.


Diversité : 4/5.

Modernité : 3/5.


Cohérence : 4/5.

Moyenne : 7.6/10.


A conseiller si vous êtes fan des précédents…


https://olidupsite.wordpress.com/2023/10/22/the-expanse-tome-9-la-chute-du-leviathan-james-s-a-corey/


Le cycle « The Expanse » (9 tomes)


Alors, bien ou pas, finalement ?


Avec neuf tomes lus en trois mois, il faudrait être de très mauvaise foi pour évoquer une série de qualité moyenne. Elle a reçu le prix Hugo de la meilleure série littéraire en 2020, et même si ce prix n’existe que depuis 2017, il souligne les nombreuses qualités du cycle dans son ensemble.


L’univers, tout d’abord. Loin d’être, comme souvent, une toile de fond plus ou moins consistante, les rapports de force entre les différentes entités et leurs représentations politiques sont les véritables ressorts du récit, du premier au dernier tome. Certains des personnages principaux en sont d’ailleurs les émanations directes (Johnson, Avasarala, Inaros, Drummer, Duarte, …). Les grands développements qui emportent les différents protagonistes trouvent toujours leurs racines dans l’évolution des relations politiques, sociales, et économiques, et toutes les composantes de l’univers sont prises en compte. Les nuances des différents camps et factions sont souvent extrêmement détaillées, et elles s’incarnent dans des destinées personnelles souvent très intéressantes.


Les personnages, donc, ne sont jamais des prétextes désincarnés, mais des émanations de l’histoire de leur environnement social. En ce sens, The Expanse est d’une modernité remarquable. Les auteurs n’oublient pas pour autant de soigner certains protagonistes très marquants : Amos, Naomi, Avasarala, Bobbie, Farez, sont de très belles réussites.


Ensuite, le récit avance à coups de très bonnes idées : la protomolécule, les Anneaux, la terraformation de Mars et son abandon progressif (qu’on aurait voulu voir plus et mieux traité), l’attaque sur la Terre, Laconia, et les entités qui ont exterminé les concepteurs de la protomolécule.


Un univers intéressant, des personnages parfois très réussis, et de très bonnes idées dans l’arc général, les trois éléments réunis sont les ingrédients d’une série qui tiendra les lecteurs jusqu’au bout des neuf tomes.


Cependant, on aura rarement vu un cycle aussi ambivalent, tant les défauts sont nombreux et parfois presque rédhibitoires. Presque.


Tout d’abord, la qualité littéraire est franchement navrante. Des répétitions ad nauseam, un rythme systématiquement cassé, des considérations existentielles qui prêtent à sourire, et quelques incursions dans un style poétique très très moyennes, … La sensation d’être face à une très bonne histoire racontée sans talent est tenace. Ça n’est d’ailleurs pas un hasard si le premier tome est le seul à avoir été nominé aux prix Hugo du meilleur roman.


Ensuite, si certains personnages sont très réussis, d’autres sont vraiment loupés. James Holden est probablement le héros le moins charismatique de la SF depuis Endymion. D’autres sont d’une fadeur très pâlichonne : Okoye, Drummer, Anna, Merton, … Mais le pire reste sûrement le nombre de méchants psychopathes présents dans à peu près tous les romans de la série, et qui passent leur temps à prendre des décisions diaboliques, stupides et suicidaires. On a coutume de dire qu’il faut de bons méchants pour faire une bonne histoire, et ceux-ci sont vraiment très rares.


Le cycle dans son ensemble souffre d’une grosse baisse de qualité en plein milieu, les tomes 3, 4 et 6 étant de loin les moins bons. Cela est probablement lié à un problème plus général : une absence totale de prise de risques. Les rebondissements et les dénouements sont pour la plupart très prévisibles, et les auteurs semblent vouloir protéger la sensibilité de leurs lecteurs à tout prix (allant même jusqu’à ressusciter un personnage décédé). Si on met ça en parallèle avec un langage parfois enfantin, et des éléments qui sont répétés des dizaines de fois, on se demande si Daniel Abraham et Ty Franck savent qu’ils s’adressent à des adultes.


Heureusement, les trois derniers tomes rallument la flamme de belle manière, et on sort finalement avec un sentiment général plutôt positif. Les défauts cités ci-dessus sont de moins en moins présents, et à la fin du voyage, on se dit que ça valait franchement le coup.

https://olidupsite.wordpress.com/2023/10/22/le-cycle-the-expanse-9-tomes-james-s-a-corey/

OliDup
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le 22 oct. 2023

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OliDup

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