Une idéologie subversive fédératrice combinée à la misère provoque la révolution et l'éphémère euphorie qui en découle. Rapidement, un groupe de personnes s'empare du pouvoir, prétendument dans l'intérêt du peuple, et un leader se dégage en prenant soin d'éliminer ses concurrents potentiels.
Ce scénario pourrait être rapproché à plusieurs épisodes de l'histoire, mais Orwell a choisi dans son livre - publié en 1945 - de créer une allégorie subtile du totalitarisme soviétique.

C'est simple, tout y est. Certes les animaux représentent parfaitement les différents acteurs et victimes du régime, et rappellent les fables de La Fontaine, mais surtout tous les aspects du totalitarisme sont évoqués : culte de la personnalité, propagande, modification du passé et mise en place d'un bouc émissaire, contrôle par la terreur, planification de l'économie, manipulation par la parole et les statistiques, complicité du clergé. Et j'en oublie sûrement.

Il est forcément frappant pour le lecteur de voir le sort ce pauvre Boxer (Malabar en VF), travailleur Stakhanoviste dévoué à Napoleon, qui renvoie au destin de la classe ouvrière courageuse mais manipulable. Ou encore de constater l'efficacité d'un tel régime en voyant la génération révolutionnaire endoctrinée mourir peu à peu, entraînant avec elle les derniers souvenirs d'une société idéale.

Une fable aux airs de tragédie qui dénonce aussi bien le Stalinisme que les travers de l'homme, véritables ennemis de la démocratie, par un auteur dont il faut saluer l'audace et la perspicacité. D'aucuns diront que ce n'est pas de la "grande littérature", mais il s'agit là d'un livre terriblement "utile".

P.S : Dans le contexte actuel des révolutions arabes et de l'enthousiasme qui les accompagne, il est ainsi intéressant de voir comment les choses vont évoluer. On pourra alors constater si ces révolutions aboutiront vraiment sur un régime stable et démocratique...
Zephir
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 23 avr. 2011

Modifiée

le 26 sept. 2012

Critique lue 1.2K fois

11 j'aime

7 commentaires

Zephir

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

11
7

D'autres avis sur La Ferme des animaux

La Ferme des animaux
limma
8

Critique de La Ferme des animaux par limma

Georges Orwell écrit en 1945 la ferme des animaux et on peut dire que le temps n’a pas de prise même si il s’agit ici particulièrement du communisme qui est dénoncé et Staline en particulier. Une...

le 2 janv. 2018

36 j'aime

5

La Ferme des animaux
ArthurDebussy
9

Une oeuvre – hélas – toujours d'actualité...

Un bref roman incisif, puissant, inoubliable, terriblement lucide sur l'essor des totalitarismes au XXème siècle. En 10 chapitres seulement, avec une écriture sèche, aride, Orwell analyse les rouages...

le 8 déc. 2018

28 j'aime

12

La Ferme des animaux
batman1985
9

Sus à Staline !

Résumer George Orwell à son oeuvre la plus renommée qu'est 1984 serait purement et totalement réducteur tant l'écrivain nous a offert d'autres ouvrages remarquables. Cette Ferme des Animaux en est...

le 21 juin 2016

21 j'aime

Du même critique

Funeral
Zephir
9

Où l'on enterre la retenue

Il me semble important de replacer Funeral dans son contexte. Au début des années 2000 le rock n'est pas vraiment à l'honneur, si bien que certains vont même jusqu'à déclarer sa mort. La britpop est...

le 2 avr. 2012

46 j'aime

17

Candide ou l'Optimisme
Zephir
6

Que retiendrez vous de ce livre ?

Personnellement, pas grand chose, car le livre repose essentiellement sur le style de Voltaire et l'ironie avec laquelle il critique la guerre, le fanatisme religieux, l'esclavage... L'excessive...

le 5 nov. 2011

38 j'aime

1

Reflektor
Zephir
8

" Is it a dream, is it a lie ? I think I'll let you decide. "

(A album obèse, critique obèse, désolé.) Au-delà de l'aspect musical et d'un catalogue très solide il y a une caractéristique chez Arcade Fire qui les a toujours placé parmi mes groupes essentiels :...

le 26 oct. 2013

27 j'aime

2