Que dire de cette lecture... Eh bien, tout d'abord, peut-être de ne pas se fier à la quatrième de couverture, qui dissimule bien ce qui se cache entre les pages de ce livre.


On parle de Max, le père de Laura, le boxeur, le chauffeur du maire, mais c'est bien sa fille qui va faire avancer l'histoire, si tant est qu'on puisse dire que les choses avancent dans ce roman. Car les 174 pages de La Fille Qu'on Appelle ne tiennent qu'au style de l'auteur - qui s'étale, s'entortille, s'emmêle dans une tentative de poésie qui perd le sens et noie les mots - et non à l'histoire elle-même qui se résume à cela : une jeune femme est abusée par le maire de la ville (de trente ans son aîné) qui devient ensuite Ministre et échappe donc à toutes sanctions.


Le thème choisi pourrait être judicieux car actuel, faisant écho à la situation de nombreuses personnes - oui, il pourrait l'être s'il n'était pas si mal traité. De bout en bout, l'histoire est crasse, et si je comprends parfaitement la volonté de montrer la noirceur crue de certains événements, il me semble que décrire à répétition des scènes d'abus, sans que cela n'apporte rien à l'histoire - qui, je le répète, est absente - n'est ni plus ni moins qu'une grossière erreur.


Car Laura est sans visage, sans personnalité, qualifiée à loisir d'idiote, de femme sans volonté, sans ambition ; personnage sans profondeur qui laisse l'histoire en surface. Mais c'est le cas pour tous les - rares- personnages féminins : Hélène n'est que mention, bien qu'elle ait l'occasion, contrairement à Laura, de se montrer au moins un peu utile en mettant Max au courant de la situation que vit sa fille.


Les seuls personnages dignes d'intérêts sont justement ce boxeur de père et Franck, directeur d'un casino et proxénète - le maire n'étant présent que pour les besoin de l'histoire (l'auteur ne nous faisant grâce que de quelques lignes à la fin du roman pour décrire la personnalité de cet homme répugnant). Néanmoins, entre l'archétype du boxeur abruti et celui du mafieux proche des hommes de pouvoir, on est servi.


L'histoire n'est ici qu'une façade qui sert la volonté de style d'un auteur qui se laisse entraîner dans un excès de zèle : il aurait tout aussi bien pu parler d'autre chose, cela n'aurait rien changé. Et c'est là le principal reproche qu'on peut faire à ce livre : traiter d'un sujet aussi grave, dans l'actualité brûlante d'aujourd'hui, avec des personnages aussi creux, avec une telle violence envers le personnage principal, Laura, qu'on considère comme coupable, tant à travers les deux policiers qu'à travers le regard de l'auteur, c'est un manque de réflexion flagrant.


Je ne conseillerai pas ce livre, et si j'ai réussi à lui mettre quelques points, c'est qu'il faut tout de même reconnaître que dans l'abrutissante longueur des phrases, il y a une certaine recherche stylistique qui, pour la peine, mérite salaire.

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le 4 déc. 2021

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