Le premier ouvrage d'histoire militaire et politique.

Il y a dans cet ouvrage d'une vie de Thucydide, cependant inachevé, tout ce qu'il n'y a pas dans l'ouvrage d'Hérodote. Thucydide se permet d'ailleurs de le critiquer vertement en préface sans même mentionner son nom ce qui, il me semble, est le summum du mépris et de l'insulte à l'écrit. Il y a en effet une véritable volonté de commenter le fait politique chez Thucydide ainsi qu'un attachement au détail, notamment quand on parle d'affrontements, qu'Hérodote n'avait pas. Ce qui transparait avec ce récit, c'est qu'importe les époques, les techniques, les organisations les hommes restent les mêmes dans leur nature profonde, leurs ambitions et leur vanité. Thucydide nous donne une histoire qui peut établir des parallèles avec toutes les époques, ce d'autant plus qu'elle est épurée de son aspect religieux (Thucydide méprise les superstitieux). Elle est très bien documentée dans son déroulement et on peut dater grâce à lui la plupart des événements des 20 premières années de la guerre du Péloponnèse. Cet attachement au détail nous rend l'éloge des maîtres sophistes de Thucydide face à Socrate dont l'élève Xénophon sera beaucoup moins précis et objectif dans son récit de la suite des événements (Les Helléniques). On ne notera qu'une seule ou deux fois le manque d'objectivité de Thucydide, par exemple au sujet de Cléon (qui a prononcé son exil d'Athènes) mais après tout les autres sources qu'on a sur ce personnage ne sont guère plus flatteuses. Il y a ensuite Brasidas que Thucydide admire à la limite de l'acceptable mais je ne peux en juger par moi-même, je n'y étais pas ! Vous apprécierez également en deuxième partie les personnages d'Alcibiade ainsi qu'Hermocratès (Alcibiade tant en bien qu'en mal bien qu'on ressente le mépris de Thucydide pour son ambition personnelle au détriment du bien public), sur ce, je n'en dirais pas plus, bonne lecture !