Mon premier livre de SF française restera à jamais gravé dans ma mémoire.

Ce livre m'a était recommandé par ma petite soeur. J'ai mis du temps à l'écouter, j'étais focalisé sur mes polars (en même temps le "quatuor" de Los Angeles de James Ellroy, ça envoie du lourd). Enfin bref, c'était le moment d'écouter sa petite soeur et de se lancer dans ce livre, qui allait se révéler être une baffe, un blast.

Première surprise en ouvrant le livre, un nouveau marque page. Trop cool me dis-je. En y regardant de plus près, j'y discerne des symboles accolés à des noms, et je comprend vite que ce marque page est nécessaire pour ne pas perdre dans ce livre. La quatrième de couverture et sens critique m'inspire, je vais découvrir la quète de 23 personnes, 23 hordeux, qui partent à la recherche de l'origine du vent en extrême amont.

Mr Damasio, pour nous faire partager ce voyage ne se place pas comme narrateur, il laisse la place à ces personnages, il les laisse parler à sa place, nous montrer à travers leurs yeux, leurs peaux, leurs sentiments cette fantastique épopée. On passe de narrateur en narrateur, on passe par le calme et la diplomatie de Pietro le Prince à la science d'Oroshi l'aéromaître, on découvre la douceur de Callirhoé la feuleuse et la bienveillance d'Alme la soigneuse. On découvre tout ces personnages tout au long du roman, on apprend à reconnaître leurs langages, leurs pensées, leurs émotions, leurs envies. Le marque page est au début nécessaire, puis on se surprend à les reconnaître rien qu'à la lecture. Cette narration m'a permis de lire ce livre somme je regarde un film, dans le sens où chaque changement de narrateur était un changement de plan, un changement de caméra. J'ai étais, grâce à la narration, immerger du début à la fin avec eux.

Mais le mode de narration ne fait pas tout. On sent que le Langage lui même est une quête pour l'auteur. Il suffit de lire/voir Caracole s'exprimer pour comprendre que le langage n'est pas un vain mot, mais bel et bien un des pilier du roman. Je laisse aux non-initiés la joie de découvrir la joute verbale dans une tour d'Alticcio. Pour moi qui ai vu cela, je peux vous dire que mon expérience de lecteur en est modifiée.

Comme toute quête, celle des hordeux est parsemée d’embûches, d'épreuves. La rencontres avec d'autres personnages clés du roman sont savoureuses et nous laisse entrevoir un peu plus le fond de ce roman. Les "traces" dans les contrées les plus poisseuses, les plus inhospitalières, les plus accueillantes, nous font passer par la peur, l'étonnement, la joie, la tristesse. Et toujours en fond, le lien de cette horde qui grandit, qui se dessine et qui devient au fil de l'aventure un personnage à part entière.

Comme toute quête encore, celle ci nous amène à nous poser des questions (nous étant le lecteur et les personnages). Ce n'est pas qu'un livre de SF. Alain Damasio nous livre par bribes, des idées philosophiques, des concepts que je ne peux vous dire ici l'essence. Il me faudra le relire encore et encore (je suis un peu lent à la réflexion) pour saisir tout les plis et replis de ces questions qui traversent le roman.

Je souhaite à tout le monde le bonheur que j'ai eu à lire ce roman. J'ai découvert une nouvelle façon de concevoir une histoire, j'ai découvert que le Langage pouvait donner des frissons, faire rire et deux secondes plus tard faire pleurer. Comme toute expérience sensible, chacun prendra ce livre avec sa part de sensibilité, avec sa propre culture. Certains adoreront, d'autres n'aimeront pas. Pour ma part, je suis triste car je n'ai plus de livre à voir, et je me demande si je retrouverai un jour un livre avec un vif pareil.
Moks
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le 20 janv. 2015

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Moks

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