Une leçon d'ennui et d'égotisme

L’auteur, 44 ans, violoniste et écrivain, décide de passer une nuit de juin (à partir de 23h30) au musée du Gréco à Tolède, ville où le peintre Doménikos Theotokópoulos (1541-1614), originaire d’Héraklion (anciennement Candie) en Crète, séjourna à partir de l’âge de 36 ans et jusqu’à sa mort. Drôle d’idée (Léonor de Récondo veut même lui faire l’amour !) même s’il s’agit d’une « commande » de l’éditeur Stock pour sa collection « Ma nuit au musée ». Ecrire un « Dictionnaire amoureux du Gréco », certes chez Plon, aurait été plus intéressant ou même un simple compte rendu dans « Beaux-Arts Magazine » à l’occasion de l’exposition consacrée au peintre grec au Grand Palais fin 2019 début 2020. On est loin, bien sûr, de l’esprit du film, « Une nuit au musée » (2006) de Shawn Levi avec Ben Stiller ! A travers 3 chapitres, « Miraculum mundi » (60 pages), « Yermo », qui signifie solitaire, isolé (61 pages) et « Lux aeterna » (5 pages), l’auteur alterne biographie du peintre [départ de la Crète (sous dépendance vénitienne de 1204 à 1669) à 26 ans, séjour à Venise puis à Rome (1570) avant d’aller à Madrid puis à Tolède (1577) où nait son fils Jorge Manuel en 1578 et dont la mère Jerónima de las Cuevas meurt 3 jours après l’accouchement] et sa propre vie (père ayant fui l’Espagne du général Franco en 1940 pour les Landes). Après avoir joué du Bach au violon (qu’elle qualifie de leçon de ténèbres), elle imagine sa rencontre, essentiellement tactile, avec le peintre. C’est bien écrit mais d’un érotisme galant. En fait, il s’agit d’un livre hybride, bâtard, qui n’est ni une biographie du peintre ([son surnom emprunte aux langues espagnole (El) et italienne (Greco et non Griego en espagnol)] car incomplète et sans analyse de son style et de ses influences, ni une autobiographie (unique allusion au père espagnol) et dont le résultat est décevant (avant tout dû au concept de l’éditeur). Tout ça pour ça ! En 149 pages !