Deuxième tome de la trilogie lunaire de Johan Héliot.
Quelques années après l’action du tome précédent, nous voici désormais dans les années trente. Uchronie oblige, certaines choses ont changé.
Ainsi, la première guerre mondiale qui a opposé la France à ses anciens sujets européens s’est soldée par une écrasante victoire allemande. Les Nazis, en charge de la destinée de l’Allemagne, imposent une paix très dure aux vaincus.
Et la Lune dans tout ça ? Et bien elle est toujours peuplée par les anciens opposants de l’empire français, et plus globalement par tous les partisans d’une liberté totale de l’individu. Véritable utopie en marche, les habitants de la Lune sont considérés en bas comme de vulgaires agitateurs communistes et de vils pilleurs de la Terre dont ils pompent régulièrement l’atmosphère pour enrichir la leur.
Les nazis ont donc, dans ce monde fictionnel, substitué les Luniens aux Juifs dans leur propagande.
C’est dans cette atmosphère de désastre imminent que se situe l’action du roman mettant en scène un jeune parisien, Léo Malet (qui n’est jamais devenu écrivain et n’a donc jamais écrit Le Soleil n’est pas pour nous), le journaliste Albert Londres et Erich von Stroheim (qui n’est devenu ni acteur, ni réalisateur, mais commandant de zeppelin). On l’aura compris, l’auteur se plaît à mettre en scène de vrais personnalités de notre monde dans son roman. Après Hugo, Verne et Rimbaud dans le premier volume, c’est ici le monde du cinéma, des ligues d’extrême-droite française et l’appareil nazi qui sont à la fête.
Au final, un roman intéressant, mordant et très bien pensé. Les conséquences de la guerre, l’évolution du monde suite à l’écroulement de l’empire français et l’existence de la colonie lunaire y sont tellement bien mis en scène qu’on y croirait presque.