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Chronique initialement publiée sur mon blog : http://nebalestuncon.over-blog.com/2016/07/la-marche-du-mort-de-larry-mcmurtry.html


L’imposant Lonesome Dove, qui avait valu à son auteur Larry McMurtry le prestigieux Prix Pulitzer, est à n’en pas douter l’un des plus épatants westerns jamais écrits – et, de ceux que j’ai lus, même si Warlock d’Oakley Hall et Little Big Man de Thomas Berger ne sont pas forcément très loin derrière, et même si je compte bien ménager une place aux superbes recueils de nouvelles de Dorothy M. Johnson (Contrée indienne et La Colline des potences), Lonesome Dove brille tout particulièrement, jusqu’à atteindre le sommet du genre, où il trône en majesté depuis, inégalable. C’est qu’il y a tout le western dans cette incroyable odyssée – et bien plus encore, tant l’auteur, de sa plume fluide, sait captiver le lecteur au fil de ce si long périple sans jamais le laisser, tant aussi il sait mettre en scène des personnages forts, suscitant la sympathie, et dont les avanies, nombreuses, sont d’autant plus douloureuses… Parmi lesquels, bien sûr, les deux héros vieillissants, Woodrow Call et Augustus « Gus » McCrae.


Mais Lonesome Dove, ce n’est donc pas que le roman éponyme, même si cela a longtemps été le seul élément que nous en connaissions en France. Larry McMurtry avait commis une « série » autour de ce livre fondateur, avec deux « préquelles », Comanche Moon et Dead Man’s Walk, et une « suite », Streets of Laredo. Des livres que l’on désespérait de lire un jour en français… Mais les excellentes éditions Gallmeister m’ont pris par surprise en traduisant tout récemment Dead Man’s Walk – roman qui, s’il est paru originellement il y a vingt ans de cela, n’est pourtant pas la première « préquelle » dans l’ordre de rédaction, mais elle l’est au regard de la chronologie interne. La Marche du Mort (sous-titrée au cas où Lonesome Dove : les origines) nous fait donc vivre les aventures étonnantes des (alors) jeunes Call et McCrae, auxquelles Lonesome Dove faisait parfois allusion de manière cryptique, et cela donne un roman tout à fait brillant, qui, s’il n’atteint peut-être pas à l’excellence du pavé initial, s’avère cependant tout aussi palpitant, puissant et juste. Alors est-on en droit d’espérer la traduction future des deux autres titres de la série ? Ça serait bien, tout de même…


Mais, pour l’heure, tenons-nous-en à La Marche du Mort. Le roman a quelque chose d’un reflet déformant par rapport à Lonesome Dove et au portrait des deux héros qui y étaient faits : il faut dire que nous sommes trente-cinq à quarante ans plus tôt, dans un monde bien différent – en plein dans le Mythe de la Frontière, si Lonesome Dove, quand bien même il relevait toujours d’une période « classique » du western (les années 1870-1880), laissait indirectement entrevoir la fin prochaine d’un monde. Et, trente-cinq à quarante ans en arrière, Woodrow et Gus étaient sans doute bien différents eux aussi… Certains traits demeurent, bien sûr : Woodrow est déjà ce type un peu austère, très premier degré, les pieds sur terre – ou du moins en apparence, car, après tout, il n’est certainement pas insensible à l’appel de l’aventure… Son alter ego Gus est autrement expansif, avec quelque chose de sympathique et rafraichissant – mais sa naïveté, voire sa bêtise, n’en ressort que davantage… Car il faut bien dire ce qui est : nos deux héros, dans La Marche du Mort, ont quelque chose de jeunes et cons… On connaît la chanson, selon laquelle le temps ne fait rien à l’affaire, et c’est sans doute exact dans les grandes largeurs ; pour le coup, cependant, c’est probablement l’expérience acquise lors des péripéties de ce premier roman (dans l’ordre diégétique) qui fera de nos deux héros les charismatiques personnages centraux de Lonesome Dove – l’expérience est en effet un trait fondamental du récit. Par ailleurs, La Marche du Mort sera aussi l’occasion de bâtir dans l’adversité l’intense amitié plus que fraternelle liant Woodrow et Gus – ces deux types si différents à bien des égards… mais peut-être complémentaires, du coup ?


Quoi qu’il en soit, à l’orée des années 1840, nos jeunes gens fraîchement débarqués au Texas ont déjà pu nouer des liens, mais on se demande presque comment – notamment du fait de la frénésie de Gus, obsédé par les prostituées sinon les femmes, et qui ne parle à peu près de rien d’autre… C’est cependant sur le terrain que les héros s’incarnent : en ces temps nécessairement « glorieux » (allons bon…) de la République du Texas, c’est tout naturellement que Woodrow et Gus ont intégré les rangs des célèbres Texas Rangers. Oubliez Chuck Norris le cas échéant, hein – nous sommes ici en pleine période mythique, alors que cette force quasi militaire, aux attributions plus ou moins définies, livre hardiment le combat contre les sauvages du coin, essentiellement les Comanches.


Mais Larry McMurtry, auteur texan, n’est pas du genre à colporter la légende sans se poser la moindre question à son sujet… Bien loin de la légende (encore que cette réalité, tant elle implique de contraintes insurmontables, puisse paradoxalement faire ressortir les hauts faits des patrouilleurs comme plus légendaires encore), la patrouille que nous voyons tout d’abord, à l’ouest du Pecos, chercher de nouvelles pistes pour les diligences, n’a absolument rien d’une unité d’élite (ce n’est pas pour rien qu’on y accueille des grouillots tels que Woodrow et Gus – mais les « vétérans », pour la plupart, ne valent certainement pas mieux), sans peur (non – ces gens flippent, et c’est bien naturel) et sans reproches (car s’acoquinant avec de sinistres chasseurs de scalps, par exemple – qui prélèvent sans doute plus de trophées sur des Mexicains innocents que sur les redoutables Comanches…). Loin de là, l’auteur dresse un tableau éloquent, et même terrifiant, où ressortent d’autant plus l’incompétence générale, celle encore plus à craindre des officiers souvent autoproclamés, leur totale absence de préparation, leur sous-équipement endémique et, peut-être pire encore, leur ignorance radicale du monde dans lequel ils vivent… On compte bien quelques exceptions à cet égard – essentiellement les éclaireurs Shadrach (le vieux bonhomme taciturne, aussi biblique que son nom) et Bigfoot Wallace (j’ai découvert complètement par hasard, en étudiant un autre auteur texan – Robert E. Howard, oui : synchronicité –, qu’il y avait bel et bien un Bigfoot Wallace, très ressemblant, à cette époque au Texas, même si leur sort est différent, entre la « réalité » et la fiction) ; disons du moins qu’ils sont un peu mieux lotis que les autres – abreuvant le cas échant les jeunes patrouilleurs de précieux conseils (sur la meilleure manière de se suicider plutôt que d’être faits prisonniers par les Indiens, par exemple…). Mais, globalement, il n’y a absolument rien d’étonnant à ce que l’opération tourne au fiasco – l’étonnant aurait été qu’elle parvienne à quoi que ce soit dans des conditions pareilles…


D’autant que la menace rode – incarnée dans un Indien on ne peut plus « mythique », le colosse bossu Buffalo Hump, croquemitaine tout désigné dont l’existence seule suffit à donner des sueurs froides aux patrouilleurs. Alors, quand se fait jour la certitude de sa présence non loin, rendue plus terrible encore par les hurlements incessants de ceux qu’il a capturés pour les torturer avec d’impensables raffinements de cruauté, la panique ne manque pas de gagner les rangs de la milice. Laquelle, pour avoir l’avantage numérique, ne peut tout simplement rien faire contre Buffalo Hump et ses rares compagnons – des hommes meurent à quelques mètres à peine de leurs collègues, qui ne se rendent pourtant compte de rien, et les chevaux disparaissent comme par magie ; à mesure que les heures passent, la situation devient de plus en plus désespérée… Oui, un fiasco de plus pour les si brillants Texas Rangers – les survivants se replient, en jurant qu’on ne les y reprendra plus ; tout particulièrement Gus, blessé par un jet de lance de Buffalo Hump lui-même, et qui n’en a réchappé que par miracle…


Pourtant, de tels hommes ne sauraient se complaire bien longtemps dans l’oisiveté pesante de la « ville » – même sur la Frontière. Si Woodrow tâche de s’accommoder tant bien que mal de son travail de maréchal-ferrant, Gus, lui, à court de putes et d’argent durement gagné en trichant aux cartes, ne tient plus en place. Et, quand il apprend que la République du Texas va lancer un assaut pour « libérer » Santa Fe, Nouveau-Mexique, aux mains des Mexicains – une ville où comme de juste il suffit de se pencher pour amasser des quantités considérables d’or et d’argent –, Gus ne tient plus en place. Il harcèle son ami Woodrow, lui montrant combien il serait « bête » de rater une opportunité pareille, et, à force d’enthousiasme, finit par le convaincre. Pour leur malheur à tous…


Car cette expédition (inspirée de faits historiques, la « Texas Santa Fe Expedition » de 1841) s’avèrera une expérience terrible et mortifère, qui coûtera la vie à l’immense majorité des jeunes couillons qui y ont pris part… sans même atteindre sa destination ou livrer le moindre combat contre les Mexicains. Une fois de plus commandés par des incompétents finis (en fait le colonel autoproclamé Caleb Cobb, un ex-pirate reconverti sur terre et qui n’admettra aucune contestation de son autorité, et qui relève bien plus du petit caïd que du soldat – le général en principe au-dessus de lui est une éponge perpétuellement imbibée, qui somnole quand il ne boit pas, et rien d’autre), nécessairement sous-équipés (même si on les aide à se procurer de meilleurs fusils), toujours sous-entraînés (les petits jeunes abondent dans les rangs), les Texas Rangers « brillent » surtout, si l’on ose dire, par leur méconnaissance totale du terrain – la géographie du sud-ouest des États-Unis les dépasse complètement, ils n’ont aucune idée d’où se trouve Sante Fe (peu ou prou, dans leur esprit, une cité d’or héritée de Coronado – et là, pour le coup, c’est bien la région adéquate des Cibola et compagnie…), et ne savent absolument rien du territoire à traverser d’ici-là… d’autant qu’ils sont persuadés que le Nouveau-Mexique est tout proche, quelques centaines de kilomètres tout au plus. Cette ignorance s’accompagnant souvent de bêtise, le récit de leur errance absurde a quelque chose de révoltant – mais peut-être d’autant plus qu’on ne peut s’empêcher de ressentir une très forte sympathie pour la plupart de ces personnages (Woodrow et Gus en tête, mais ils ne sont certainement pas les seuls), et peut-être même d’autant plus qu’ils se montrent naïfs… On les voit peiner au milieu des menaces les plus diverses, dans un environnement hostile et pauvre en nourriture comme en eau, au climat par ailleurs fort rude, et sans cesse harcelés par les Comanches de Buffalo Hump (puis les Apaches de Gomez), prêts s’il le faut à susciter un immense incendie pour rabattre les Patrouilleurs dans un canyon qui leur sera fatal car impraticable, etc. Les rangs s’éclaircissent alors que le Nouveau-Mexique est encore loin – la conviction, chez les Rangers, de ce qu’ils atteindront enfin ce pays de cocagne et se payeront sur les immenses fortunes locales de ce qu’ils ont subi en route, rend leur « odyssée » (connotée bien différemment de celle de Lonesome Dove, sans doute) plus tragique encore.


Ceci étant, si le tragique occupe une place essentielle dans La Marche du Mort (le titre renvoie à la Jornada del Muerto, une région plus hostile encore, que les Texans devront pourtant traverser à son tour), ce n’est pas au point, loin de là, de phagocyter le reste. Larry McMurtry y fait une nouvelle fois la preuve de la virtuosité de sa plume, au fil de dialogues tantôt serrés, tantôt un brin absurdes mais d’autant plus savoureux, mettant tous en valeur les patrouilleurs, comme des hommes avant tout – une fois de plus, à cet égard, leur naïveté les sert, en définitive. Le tragique, pour être à sa manière « pur » (entendons par-là qu’il ne se contente pas de pathos presse-bouton), se mêle ainsi sans cesse de comique et d’émouvant – dressant un tableau peu ou prou exhaustif de l’humanité dans l’adversité. S’y ajoute bien sûr un art du récit qui rend le tout palpitant, impossible à lâcher, et aussi prenant que fort – bien pensé à tous les niveaux.


Pourtant, le cauchemar ne cesse de se montrer plus terrible encore, dans une escalade qui, partout ailleurs, aurait paru invraisemblable, mais qui sonne ici d’une justesse qu’on n’a pas le moins du monde l’envie de contester. Cette dissection scientifique de l’absurdité va-t-en-guerre ne saurait dès lors laisser indifférent – et le mélange adroit de compassion, de révolte et de dérision qui connote le récit se révèle le mode idéal de communication d’un « mythe », plus vrai à bien des égards dans son horreur inacceptable que tous les fantasmes associés à la Frontière. « Remember the Alamo » ? Peut-être – mais si les « héros » tombent, ici, c’est dans l’indifférence générale (des contemporains – pas du lecteur, qui apprend pour sa part à connaître ces hommes et ressent toujours leur perte), peut-être au mieux une vague forme de gêne portant sur l’envoi au casse-pipe de tant de jeunes crétins, envoi inconsidéré autant qu’absurde et inutile, dès lors une incarnation parfaite de la bêtise de la guerre autant que de la bêtise des petits-soldats (l’expression n’est pas à prendre au pied de la lettre, c’est chef inclus et même au premier rang), toujours prêts à faire la démonstration de leur nécessaire supériorité sur leurs adversaires à demi humains au mieux ; ils prennent pourtant en pleine face, et quand il est bien trop tard seulement, l’impitoyable révélation de leur médiocrité dans un monde qu’ils ne comprennent tout simplement pas, un monde qui les balaie sans y penser, pour la simple raison qu’ils ne sont rien. Larry McMurtry peut cependant dépasser ce rien – en conférant l’humanité à ses personnages, humanité qui les distingue, et les rend uniques autant que vrais.


Au-delà, qu’y a-t-il ? Nombre de choses sans doute – et notamment les femmes, d’un charisme hors-normes dans ce monde strictement masculin ou presque. Il y a, avant toute autre, la titanesque putain Matilda, qui suit les Rangers dans leurs dangereuses errances, et se montre sans doute bien plus adroite et compétente que la plupart (le roman s’ouvre sur une scène où, pêchant la tortue, elle a quelque chose d’un éclaireur, et cela n’a rien d’un hasard – et pas davantage son rapprochement avec Shadrach, laissant entendre qu’elle en a assez et désire prendre sa retraite). Il y a aussi (aperçu des histoires à suivre) l’impertinente Clara, qui travaille dans la boutique de son père aimant à Austin, et dont le comportement effronté autant que la beauté captivent Gus, le volage Gus, prêt subitement à laisser tomber la glorieuse cause de la République du Texas et la carrière aux armées, si seulement la jeune femme était prête à le laisser déballer à ses côtés des caisses dans l’arrière-salle du magasin général… Après cinq minutes à peine à l’observer, Gus sait de toute façon qu’il lui faudra l’épouser – et que cela vaudrait bien mieux que toutes ces bêtises à base d’Indiens et de Mexicains… mais il lui faut d’abord démontrer sa valeur ? Il s’en persuade, du moins – lui qui jalouse « le caporal Call » dans cette affaire… Et il reste une dernière femme, intervenant dans les tout derniers chapitres du roman, qui saura, dans son audace tenant peu ou prou de la folie, sauver ceux qui sont supposés la sauver elle, en se drapant elle-même dans les atours du Mythe – à moins qu’il ne s’agisse, plus prosaïquement, de le mettre à nu, adressant sans même y penser à Woodrow et Gus une ultime leçon de grandeur et de magnétisme.


Excellent roman, donc, que cette Marche du Mort. Son caractère affiché de « préquelle » ne doit pas tromper : il s’agit d’un authentique roman pour lui-même, d’une grande valeur intrinsèque ; un très beau et très fort western par un des plus grands maîtres du genre. Une lecture palpitante autant qu’émouvante, drôle et même hilarante au milieu des tragédies, juste de bout en bout.


J’espère maintenant que les éditions Gallmeister traduiront Comanche Moon et Streets of Laredo… Je ne doute pas que ces livres auraient leurs lecteurs – et, en tout cas, j’en serais.

Nébal
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le 10 juil. 2016

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