« La montagne morte de la vie » est l’œuvre maîtresse de Michel Bernanos, enfin reconnu après avoir souffert trop longtemps de la renommée de son géniteur. Souvent présenté comme un chef-d’œuvre méconnu, ce court roman à la limite de la nouvelle, bénéficie d’une réputation assez exceptionnelle. Pourtant, c’est assez usurpé quand on voit ce qui a été fait avant et après par d’autres auteurs de talent. Mélange de Jules Verne, H. P. Lovecraft et Edgar Allan Poe, « La montagne morte de la vie » se découpe en deux parties distinctes. Dans la première, le narrateur évoque un long voyage sur un galion où il ne fait pas bon être mousse et qui s’achèvera par une tempête faisant tout de même des survivants. Ces derniers, dans la deuxième partie du roman, s’échoueront sur une terre semblant inhabitée et très inhospitalière où la nature semble avoir repris ses droits sur toute autre espèce vivante et en haut de laquelle trône une montagne immense qu’il leur faudra inévitablement gravir…
Alors certes, les descriptions sont saisissantes, il y a de la tension, on éprouve une angoisse anxiogène permanente, mais cette œuvre est loin d’être transcendante et pourrait décevoir les néophytes qui s’en font toute une montagne (sans jeu de mots aucun !) ! Les événements, de la première partie s’enchaînent bien mais paraissent déjà vus pour qui a lu « Robinson Crusoé » ou d’autres récits parlant de mutinerie, les portraits ne sont pas assez brossés : on ne connaîtra de fait jamais le nom du principal protagoniste ! Alors, même si la lecture n’est pas désagréable, il ne faut pas non plus exagérer et d’ailleurs je lui ai préféré la seconde nouvelle publié chez l’arbre vengeur et faisant partie du même ouvrage (« Ils ont déchiré son image »), beaucoup plus sombre et intéressante en ce qui concerne les enjeux scénaristiques. En revanche, il ne faut absolument pas lire la préface de Juan Asensio qui fait de véritables spoilers et réduit à néant l’impact de certaines scènes, dont la fin (merci Juan !), ainsi que la postface de Dominique de Roux, inintéressante au possible et suffisante à mort !