Tout un foin.

La Nuit des temps est un roman français de science-fiction publié en 1968. Elle est l'oeuvre phare de l'écrivain René Barjavel que je connaissais jusqu'alors pour son fantastique L'Enchanteur qui est , à mes yeux , l'oeuvre totale du cycle Arthurien , réécrivant la légende des chevaliers de la table ronde à travers les yeux de Merlin et dans une langue contemporaine , n'en déplaise aux pesants médiévistes qui considèrent parfois cette oeuvre comme de la "pornographie".
C'est donc tout content que je me suis lancé dans la lecture de cette mystérieuse Nuit des Temps , moi qui suit un véritable dévoreur de science-fiction. Dans ce livre , on suit l'histoire d'un groupe de recherche internationale en Antarctique , qui au détour de quelques fouilles "réglementaires" tombent carrément sur une civilisation perdue. Des traces d'urbanisme sont en effet découvertes sous la couche de glace , et les relevés indiquent que tout ce beau monde est là dessous depuis plus de - tenez vous bien - 900 000 ans. Suivant un signal jusqu'aux profondeurs même de ces profondeurs , l’expédition - véritable tour de Babel scientifique - tombe sur un gros œuf de métal renfermant en son sein deux corps en état de stase : une femme , et un homme.
Je vais être franc tout de suite : je vends un exemplaire pocket de La Nuit des temps. Passé le fous rire qui doit être en train de vous tirailler les côtes , je dois avouer que mon désamour pour ce roman est purement personnel. Je ne vous en voudrais donc pas si vous trouvez des choses à redire , mais je n'ai sincèrement pas tenu. J'ai largué violemment le livre au bout de la trois centième page , soit à cent pages du dénouement. Cela ne m'était plus arrivé depuis La Horde du Contrevent , le roman fleuve d'Alain Damasio , un autre de ces classiques indiscutables de la science-fiction.
J'aime Barjavel , pourtant. J'aime l'homme et la passion qu'il aura sut insufflé à son métier d'écrivain , mais j'aime surtout l'auteur. L'enchanteur est une véritable démonstration de son génie , autant stylistique que poétique , mais la Nuit des temps ne comportent que trop peu de trouvailles esthétiques. On pourrait certes parler longuement de ces instants de description magiques durant les fouilles , où ces chercheurs du siècle dernier tombent sur les vestiges gelés d'une race d'homme disparut il y a plusieurs centaines de milliers d'années. L'invasion d'un monde à l'arrêt par un monde ardent , et naïf. Il y aussi cet économie de propos lié à cette dilapidation d'interludes qui font défiler les cents cinquante première pages à très grande vitesse. C'es haletant ; on veut savoir comment la situation va évoluer pour ces grosses têtes.
Mais c'est bien trop peu de choses en comparaison du freinage brutal de l'action qui s'ensuit , subitement , au delà de la deux centième page. L'innovation de ce monde , de sa merveille scientifique n'est pas spécialement impressionnante , ni même sa géopolitique qui tombe dans la pataude retranscription de l'absurde des conflits thermonucléaires qui guettent l'humanité depuis la baie des cochons. C'est un thème cher à Barjavel à ce que j'ai cru comprendre mais peut-être est ce justement parce que ce thème de l'anéantissement nucléaire est réutilisé encore et encore que lorsqu'un homme s'approche avec quelques bonnes idées - ce monsieur par exemple - nous n'en pouvons déjà plus.
Je n'ai sincèrement pas l'habitude d'être sévère comme cela mais parfois , faut dire les choses. La Nuit des temps est lente , et constellée d'instants creux , foncièrement dépréciatifs. Voila pourquoi je la note d'un cinq , mais je la note surtout sur soixante quinze pour cent du bouquin. Peut-être que la fin était magistrale , allez savoir...