Imaginez un flic new-yorkais classique, blasé de tout qui claque son fric aux courses pour se distraire et baise de jeunes putes hispaniques pour se détendre.

Imaginez également un ancien pilote devenu un mythomane hypocondriaque qui ne se plaît qu'à absorber du Demerol grâce à de fausses ordonnances et dont le seul vrai plaisir n'est que de réussir à se faire interner dans un hôpital pour se faire bichonner par le personnel médical.

Et imaginez finalement un quidam, quelqu'un comme vous et moi - plutôt quand même comme moi - qui, depuis cinq ans déjà, attend la nuit du solstice d'été pour aller sur le toit d'un immeuble de New-York regarder la foule à ses pieds et qui balance des parpaings de 20 kilos sur ces minuscules fourmis pour en tuer quelques-unes.

Si vous pouvez imaginer cela, vous êtes dans l'univers du grand Herbert Lieberman.

Il existe en allemand - n'est-ce pas ma chère belette - une expression qui est Schwarzweissmalerei littéralement une peinture noire-blanche mais qui signifie en fait que les choses sont soit noires, mauvaises et négatives soit blanches, bonnes et positives sans demi-tons, sans demi-mesures. Hors Lieberman ne nous donne pas cette vision du monde, les flics ne sont pas des saints et les tueurs ne sont pas des démons.

Comme la vie est nuancée, il nuance ses personnages et ne crée pas de héros surhumains ou surdoués. Ainsi on bascule dans le camp du flic, du fou ou du tueur en fonction de ce qu'on vit, de ce qu'on apprend de la vie. Il n'est pas d'inné au devenir et on reste le même quel que soit le camp qu'on choisit ou qu'on nous impose.

Pour revenir à ce roman ces trois personnages, malgré l'existence d'une enquête sur les meurtres du solstice, vont se croiser et l'affaire se dénouera ,comme dans la plupart des romans policiers actuels, plus par hasard que par déduction « Sherlock Holmesienne ».

Ce roman est l'oeuvre d'un des plus grands maîtres du roman noir américain et, à mon sens, il est même meilleur que son mythique « Nécropolis ». Un bouquin génial que je vous recommande vivement.
Bobkill
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le 19 janv. 2011

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