Gaston Leroux (1868-1927) est célèbre pour avoir créé des personnages qui ont dépassé sa propre renommée : Rouletabille, Chéri-Bibi. Il est aussi l'auteur de Le fantôme de l'opéra. Le livre du jour, a aussi une suite, La machine à assassiner écrite la même année. Construit en deux parties, l'une révélant les mémoires de Bénédict et l'autre continuant l'histoire et la finissant. La première est un peu longue parfois, entre les exclamations du relieur amoureux transi et rejeté, c'est sans doute l'époque qui veut cela, maintenant, on va au plus court. Gaston Leroux écrit là un roman fantastique qui part dans plein de -fausses (?)- directions, qui nous entraîne, lecteurs, dans des suppositions folles et nous réserve surtout de belles et réelles surprises. Si l'on passe sur ces longueurs et ces lamentations un poil désuètes, on a la joie de lire de la belle littérature, de belles phrases, des imparfaits du subjonctif, de belles tournures avec des mots à apprendre, broucolaque par exemple : ""Broucolaque" est le mot dont se servaient les Grecs pour désigner ce que la superstition moderne désigne sous le nom de "vampires."" (p. 117). Et puis, au détour d'un paragraphe, il n'est pas rare de tomber sur une réflexion intemporelle : "Seigneur Dieu, ne jugeons personne !... Ayons peur des formes que prennent les choses en nous frôlant et ne disons point tout haut avec le triste orgueil de la créature qui ne dispose que de ses cinq sens "ceci est" ou "ceci n'est pas"... Méfions-nous ! méfions-nous ! L'Univers est autour de nous comme une immense embûche... D'autres avant moi ont prononcé le mot : Farce !" (p. 48)


Relisons donc Gaston Leroux, un peu oublié et pourtant maître du fantastique, des histoires à rebondissements et à la logique imparable, digne d'un Edgar Allan Poe. Cela fait un bien fou de se replonger dans ses histoires avec une ambiance qu'on qualifierait de gothique de nos jours, un style un peu emphatique parfois et d'autres fois plus prosaïque, avec des personnages marquants, une foultitude de détails ; tout cela fait travailler l'imaginaire de manière incroyable.

YvesMabon
8
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le 1 déc. 2019

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Yv Pol

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