Comment se construire quand l’exil est un mode de vie, lorsque les racines naissantes sur l’une des continents sont rapidement sapées pour un nouveau départ ? Car il ne s’agit pas d’un unique voyage. De Quimper aux Antilles, puis de la Guinée à Paris, le décor est éternellement mouvant, pour la petite fille qui voudrait comprendre qui elle est, à travers l‘éternelle recherche de sa mère.
D’emblée, on note l’élégance de l’écriture, l’amour de la langue dont témoignent les mots rares, sans que cela ne rende le texte abscons. Au contraire, on est rapidement enclin à éprouver de l’empathie pour la jeune narratrice. Ne pas se laisser décourager par les expressions vernaculaires non traduites, leur utilisation ne dénature pas le propos.
En filigrane, la violence, sur les femmes, sur l’enfant, omniprésente, parfois physique, souvent morale, de celle dont on sort plus fort si l’on n’est pas anéanti.
Enfin, la musique, une seconde mère, un alter égo, qui définit les personnages et s’ancre au décor et à l’ambiance. Une raison de vivre. Le jazz comme rédemption.
Un très beau premier roman, qui révèle une belle plume