Chronique initialement publiée sur mon blog : http://nebalestuncon.over-blog.com/2017/03/la-source-au-bout-du-monde-de-william-morris.html


Attention, préalable navrant : la chronique contient pas mal de SPOILERS, j'imagine... Mais c'est que je n'avais pas vraiment envie d'en parler différemment. Méfiance, donc...


WILLIAM MORRIS ET SES MILLE FACETTES


William Morris (1834-1896) est un bien curieux personnage, aux innombrables facettes, et qu’il paraît presque impossible de saisir en bloc. C’est peut-être pour cela qu’il est méconnu – et tout particulièrement en France, où ses œuvres littéraires ont longtemps été indisponibles, voire tout bonnement ignorées, tandis que ses autres activités, au sein de la « confrérie préraphaélite » (aux côtés de ses amis Dante Gabriel Rossetti et Edward Burne-Jones – la superbe couverture du présent ouvrage est tirée d’une toile de ce dernier) ou du mouvement « Arts and Crafts » qu’il a initié, pour avoir eu un impact notable en leur temps de l’autre côté de la Manche, n’ont probablement pas eu ne serait-ce que l’ombre ténue de ce retentissement de par chez nous. Peut-être, à cet égard, est-ce l’activiste politique, socialiste dit « utopique » et libertaire, qui s’en est le mieux tiré ? Au risque néanmoins, à l’envisager uniquement sous cet angle, de passer totalement à côté du personnage…


Car tous ces aspects doivent être pris en compte : Morris, quand il crée un motif d’ameublement intérieur ou imprime ses ouvrages fétiches à sa manière, avec un soin exemplaire, « chez lui » à Kelmscott Press, avec des polices de caractère et des lettrines de sa propre confection, témoigne aussi bien de ses goûts et curiosités littéraires que de ses conceptions artistiques, le portant vers un Moyen Âge idéalisé où l’artiste n’était pas encore distinct de l’artisan ; et aussi luxueux ces objets soient-ils, ils n’ont rien de contradictoire avec son engagement socialiste, bien au contraire : il s’agit tout à la fois d’élever le travail de l’artisan, et de s’assurer une forme de « démocratisation du beau », via l’alliance du beau et de l’utile, au sein même d’un carcan victorien d’une rigidité sociale angoissante. De même pour ses écrits, divers et variés : le conférencier inlassable, ardent propagandiste de la cause socialiste libertaire, sait user de la fiction pour faire passer ses idées – et pas seulement avec ses Nouvelles de nulle-part, longtemps son plus célèbre ouvrage en français : son imaginaire chevaleresque est tout aussi indiqué pour véhiculer, au travers de ce que l’on n’appelait pas encore ses « mondes secondaires », sa ferveur utopique… laquelle imprègne donc en retour ses adorations littéraires et conceptions esthétiques, dans les beaux « objets » que sont ses livres : tout est lié.


Tous ces aspects doivent être pris en compte, oui… mais ça n’a rien d’évident : si l’Enyclopedia Universalis, à en croire la préface nécessaire et utile d’Anne Besson, fait l’impasse sur tous les romans de Morris (!), vous imaginez bien qu’un ignare tel que moi, qui découvre (à une exception près) Morris et ses écrits, n’a pas grand-chose de pertinent à dire à ce propos… Ce qui, bien sûr, ne va pas m'empêcher de faire une très, très longue chronique, hein ? Oui, oui, je sais...


Le fait demeure : Morris, homme énergique, a beaucoup écrit, entre autres choses – dans tous les registres, d’ailleurs, fictions comme essais ou poésies ; il a aussi énormément traduit, « adapté » ou « recréé », de ces textes archaïques qui parlaient tout particulièrement à son cœur, comme notamment la saga des Volsungs, ou encore le vieux Beowulf… Sans oublier l’Antiquité gréco-romaine, autre sujet d’adoration, qu’il était tenté de concilier avec un imaginaire davantage « nordique » – chevaleresque à la manière arthurienne, ou plus barbare et viking le cas échéant. Grand lecteur dès son plus jeune âge de ce genre de choses – mais avec en guise de première étape et introduction les récits de Walter Scott –, Morris, au travers de ses propres « romances » (au sens anglais de prose narrative dans une tradition non réaliste), même tardifs dans sa complexe et exubérante carrière, a ainsi joué un rôle essentiel dans l’histoire de la littérature contemporaine, en accouplant avec élégance et naturel la matière historique (médiévale, surtout) et les délicieux mystères de l’imaginaire et de la magie : c’est bien pourquoi on en a fait « le créateur de la fantasy », et une influence déterminante de Tolkien, notamment…


MORRIS ET LA FANTASY AVANT TOLKIEN


En fait, c’est là une référence peu ou prou inévitable aujourd’hui : Tolkien incarnant la fantasy, ceux qui l’ont précédé ne peuvent être que des précurseurs. C’est un peu triste, sans doute… Mais si c’est néanmoins l’occasion pour nous de lire ces récits parfois injustement oubliés, j’imagine que nous n’avons pas à nous en plaindre ; et certainement pas moi, qui, dans un registre pas si éloigné, via Lovecraft, ai redécouvert avec délice quelques-unes de ses idoles – Lord Dunsany, Arthur Machen, Algernon Blackwood, William Hope Hodgson, Robert W. Chambers… Si Lovecraft est un passeur, Tolkien ne l’est après tout pas moins.


Tolkien, effectivement, n’a rien caché de son admiration pour l’œuvre romanesque de Morris – même si son camarade C.S. Lewis s’est peut-être montré davantage explicite encore. On a pu traquer, d’ailleurs, dans le présent gros roman – le chef-d’œuvre de Morris dans le registre, nous dit-on, paru en 1896, soit l’année même de sa mort –, des noms, au moins, qui ne sont pas sans résonner étrangement : qu’un personnage (détestable, par ailleurs) de La Source au bout du monde s’appelle Gandolf n’est peut-être pas si important (le nom même de Gandalf figure dans des textes de la littérature nordique dont Tolkien était spécialiste – ainsi dans L’Edda, sauf erreur), mais on peut supposer qu’il y a bien une filiation du cheval Silverfax chez Morris au cheval Shadowfax chez Tolkien… Mais les liens les plus éloquents et solides (nettement moins critiquables, en tout cas) concernent davantage le fond – du principe même du « romance » recréant un monde imaginaire aux rapports ambigus avec le monde contemporain, à l’importance cruciale du retour une fois la quête « achevée », en passant par la présence très discrète de la magie (dont le rapport à la religion est ambigu) ou la géographie fantasque du « bout du monde », à base de montagnes démesurées et de longs et ternes déserts volcaniques…


Soit : Morris a influencé Tolkien. Et que le succès de Tolkien et de la fantasy aujourd’hui autorise ce genre de retours en arrière, c'est tant mieux : des livres parfois injustement oubliés ressurgissent, auxquels les simples lecteurs n’avaient pas forcément accès jusqu’alors, mais qui n’étaient pour autant pas des choses obscures à réserver à l’examen critique des seuls chercheurs.


On redécouvre, donc – et, pour m’en tenir au cas français, il me faut louer quelques initiatives : celle ici des Forges de Vulcain, qui appelle quelques développements supplémentaires dans la section suivante de cette chronique ; celle aussi des éditions Callidor, qui ont publié pour la première fois en français les très bons Lud-en-Brume de Hope Mirrlees et Le Loup des steppes de Harold Lamb, et réédité Les Habitants du Mirage d’Abraham Merritt (j’attends avec impatience la suite des opérations, en espérant qu’elle aura bien lieu – pour l’heure, seul un deuxième tome de Lamb est annoncé, mais sans date…) ; Ou encore, peut-être, l'initiative des éditions Mnémos pour son ambitieuse édition à venir de la fantasy de Clark Ashton Smith (j’avais participé au financement, et ai hâte là encore)… Autant d’initiatives récentes auxquelles je souhaite le plus resplendissant avenir (sans oublier le travail plus ancien d’éditeurs tels que Terre de Brume ou L’Arbre Vengeur).


Autant de livres et d’auteurs, en effet, qui sont bien trop longtemps sans doute restés dans l’ombre des géants – et parfois, d’ailleurs, de géants pas toujours très bien servis par leurs éditions antérieures ? Forcément, il faut mentionner ici Robert E. Howard, et l’admirable travail accompli par les éditions Bragelonne sous la supervision de Patrice Louinet… Mais disons-le : ces livres méritent le plus souvent d’être lus par eux-mêmes – sans se focaliser sur le seul prisme de « l’influence » exercée par un « précurseur » ; non que cette influence n’ait pas à être discutée, bien sûr… Mais ces livres ont vécu avant Le Seigneur des Anneaux : ils n’ont rien de brouillons.


WILLIAM MORRIS, OUVRIER AUX FORGES DE VULCAIN


Cette fois, c’est donc la très recommandable maison d’édition Aux Forges de Vulcain qu’il s’agit de remercier pour cette belle exhumation – maison qui, en fait, n’en est certainement pas à sa première tentative avec les œuvres de William Morris ; je me demande même si ce n’est pas l’auteur ayant le plus de titres dans son catalogue ? Au point, en fait, où la destinée de cet auteur lui serait intimement liée ?


La maison, fondée en 2010, a publié dès 2011 deux petits ouvrages de William Morris, le très étonnant Le Pays creux (le seul que j’avais lu jusqu’alors), dans la veine fantasy avant l’heure, et Un rêve de John Ball, louchant semble-t-il davantage vers l’utopie. Il faut y ajouter le « romance » plus volumineux Le Lac aux îles enchantées, en 2012…


Mais aussi deux titres associés, La Route vers l’amour en 2012 et La Route des dangers en 2013 – présentés comme faisant partie d’un ensemble titré Le Puits au bout du monde… mais rien depuis, jusqu’au bel ouvrage qui nous occupe aujourd’hui, intitulé La Source au bout du monde. En fait, les deux « romans » n’en étaient pas tout à fait – ou, plus exactement, ils n’avaient pas été conçus comme des œuvres « distinctes », même faisant partie d’un cycle commun : La Route vers l’amour et La Route des dangers étaient les deux premières parties, sur quatre, d’un unique roman, passablement volumineux, désigné alors sous le titre Le Puits au bout du monde. L’initiative était très appréciable – et cette traduction (par Maxime Shelledy et Souad Degachi), même parcellaire alors, d’une œuvre aux dimensions monumentales, avait d’ailleurs été récompensée aux Imaginales en 2013. Seulement, ce format de diffusion n’était probablement pas très approprié… Car c’est bien d’un seul roman qu’il s’agit. D’où, en 2016, la publication de La Source au bout du monde, le roman entier (jamais traduit intégralement jusqu’alors) : le livre reprend donc (avec quelques amendements) la traduction des deux premiers volumes, présentés enfin comme les « parties » qu’ils sont, sous les mêmes titres, mais les complète avec les deux dernières parties, « La Route vers la Source » (la plus courte, largement – cela a pu jouer sur la décision éditoriale, je suppose ?), et « La Route du retour ».


« Reconstituer » le volume initial était une initiative bienvenue. Mais, pour un auteur tel que William Morris, « Arts and Crafts » et compagnie, le livre ne pouvait pas se contenter de n’être « qu’un » livre… D’où ce très bel objet, en grand format. Très grand – je crois que c’était le format initial ? Mais je dis peut-être des bêtises, corrigez-moi si jamais, c’est bien, la correction, j’aime bien, des fois, fouettez-m… Non, pardon. Aheum. Adonc : très grand format – on avouera que ça ne le rend pas très, très maniable : La Source au bout du monde n’est pas très indiqué pour la lecture dans le métro, disons… Mais c’est assurément très joli – dès, bien sûr, cette couverture parfaitement splendide, due à l’ami de Morris, et préraphaélite jusqu’à l’os, Edward Burne-Jones. L’ouvrage est également des plus attrayants à l’intérieur – même s’il ne faut pas s’y tromper : les illustrations de Morris lui-même, mentionnées dès la couverture, sont au nombre de quatre (les entêtes de chacune des parties du roman) ; l’essentiel, en fait, sur le plan graphique, relève bien de l’optique « Arts and Crafts », avec des motifs décoratifs à base de fleurs et d’entrelacs s’ajoutant aux entêtes, et, surtout, des lettrines complexes au début de chaque chapitre (or ces chapitres sont le plus souvent courts, et on peut donc compter quasiment sur une lettrine à chaque double page). Je ne sais pas si la police employée est également le fait de Morris (j’en doute), mais la lecture, en dépit de ce format guère maniable et de la disposition du texte en doubles colonnes, est étrangement agréable.


Cela fait partie du bel objet, d’une certaine manière, alors revenons-y : l’ouvrage bénéficie enfin d’une préface éclairante autant qu’enthousiaste due à Anne Besson – qui s’y connaît.


LE MONDE AVANT LA SOURCE


Oui, j’en arrive au roman, oui, oui…


Mais bon : c’est de la fantasy, hein ? Alors j’imagine qu’on peut commencer par s’intéresser au monde du roman – son « monde secondaire », si le terme est bien approprié…


Pour le coup, c’est assez étonnant – parce que les critères ne pouvaient tout simplement pas être les mêmes à l’époque : nous étions avant Howard consacrant quelque temps à réfléchir à son Âge Hyborien et à en dresser la carte, et avant Tolkien constituant une véritable encyclopédie de sa Terre du Milieu (et de ce qui se trouve à l’ouest de celle-ci) au fur et à mesure de la rédaction de son « Légendaire » (ou, plus exactement, en faisant déjà partie en tant que telle). Avant même Lord Dunsany et l’onirisme de Pegāna et compagnie…


Nulle carte, ici. Et, en fait, je serais curieux de voir ce qu’elle donnerait… Parce que le monde de La Source au bout du monde n’a au fond rien à voir avec ces fameux successeurs. En fait, et même s’il s’avère propice à l’idée même de l’accomplissement d’une quête impliquant un long voyage, le monde du roman a l’air… étonnamment réduit. Dans un premier temps, du moins – où le héros parcourt des royaumes, communes et autres seigneuries dont il semble possible de faire le tour en l’espace d’une seule journée, parfois !


Cela n’est cependant pas le cas tout du long. Après les premiers périples étonnamment brefs, la carte du monde semble enfin se dilater – de même, d’ailleurs, que sa chronologie : à mesure que la réalité de la Source au bout du monde devient plus palpable, la géographie se transforme – les champs semés de hameaux, les châteaux paisiblement installés sur telle ou telle colline de dimensions modestes, les bois qui font figure de terra incognita sans excéder au plus quelques hectares, cèdent la place à des montagnes démesurées en forme de murailles, derrière lesquelles s’étendent à perte de vue des déserts volcaniques, austères et rudes, en forme d’épreuve avant d’atteindre le bout du monde. Si l’on doit (…) comparer à Tolkien, c’est assez différent (et ce alors même qu’à tout prendre la Terre du Milieu, ou plus exactement la partie de la Terre du Milieu où se déroule l’essentiel des aventures des « romans de hobbits », si l’on préfère mettre de côté pour l’heure Valinor et le Beleriand ainsi que Nύmenor, et ce alors même donc que la Terre du Milieu n’est en fait pas si démesurée que cela – sauf erreur, l’aventure de Seigneur des Anneaux, si riche de voyages, aller et retour, ne dure d’ailleurs pas plus d’une année ?) : c’est comme si, ici, nous nous attardions longtemps dans la Comté – puis dans quelques villes sans doute un peu plus grandes que Bree, oui, mais bien plus dans l’esprit de cette dernière que de Minas Tirith ; mais, subitement, sans vraiment prévenir en fait, nous avons à faire face à des Monts Brumeux presque infranchissables – et, derrière, le Mordor… Sauf que cette ultime partie (avant le retour, essentiel, s’entend), pour n’occuper que peu de pages (fort peu, même), couvre en fait les plus longues distances du roman, ce qui vaut tant sur le plan spatial que sur le plan temporel : le monde est dilaté, la chronologie des événements aussi…


Le monde de La Source au bout du monde a d’autres particularités éventuellement étonnantes – car il est antérieur à ce qui deviendrait les canons du genre fantasy. Ainsi, s’agit-il d’un « monde secondaire » ? Même avec l’ambiguïté de l’Âge Hyborien et de la Terre du Milieu, censément des passés mythiques de notre monde ? C’est assez difficile à déterminer… car d’autres ambiguïtés sont de la partie. En fait, à tout prendre, ce monde pourrait être le nôtre : les toponymes (francisés, ici) ne sonnent certainement pas comme Kush ou la Stygie, pas davantage comme Angmar ou la Lorien ; on est davantage, oui, du côté de la Comté, de Fondcombe, ce genre de choses… Les noms sont en fait « fonctionnels », pourrait-on dire : ils expriment le plus souvent directement la particularité du lieu – les Haults-Prés, le Bourg-des-Quatre-Bosquets… Nul problème ici. Le problème… c’est qu’on y fait aussi mention de noms renvoyant clairement à notre monde : on y cite régulièrement Rome, par exemple, et aussi quelques autres villes (dont Jérusalem, probablement) ; sans doute notre monde peut-il se superposer à un autre qui, dans sa coloration médiévale idéalisée, pourrait parfaitement s’y intégrer. Mais ça devient plus problématique quand on approche de la Source au bout du monde – avec sa géographie fantasque détaillée plus haut, et cette fois radicalement incompatible… Sans doute, pour autant, ce questionnement peut-il passer pour un peu vain ? La cohérence à tout prix, c’est très tolkiénien, au fond… Et ledit Tolkien ne s’est pas privé d’expliquer la différence entre son monde et le nôtre par le recours à des catastrophes (ou « eucatastrophes »), pouvant aller jusqu'à remplacer un monde plat par un monde sphérique...


Mais on en arrive à une autre ambiguïté qu’il me paraît important de mettre en avant, et qui découle de la précédente : le monde de la Source est essentiellement chrétien. C’est dit, très clairement : on y lit les Évangiles (et ce sont bien celles des chrétiens), on y loue nommément Jésus et on y prie quantité de saints. En fait, ce sont sans doute ces derniers qui dominent, concrètement… Une foi médiévale, donc, et qui, comme de juste, s’accommode presque naturellement de résurgences païennes çà et là. Notre héros est sans doute bon chrétien – en bon chevalier qu’il est. Il n’en succombe pas moins au charme de la Dame d’Abondance, passablement sorcière, sinon sainte, et, si la quête de la Source peut, je suppose, être dérivée de celle du Graal, elle implique des miracles guère catholiques… La magie est rare dans le roman (autre point rapprochant Morris de Tolkien ?), mais elle pointe à l’occasion, forcément un peu en porte-à-faux avec l’orthodoxie chrétienne ; mais pas totalement… Et c’est sans doute pour partie le propos.


RODOLPHE ET L’AVENTURE


Bon, et quelle histoire dans ce monde ambigu ? Celle, bien sûr, d’un chevalier accomplissant une quête – un chevalier avec sa dame…


Le minuscule royaume des Haults-Prés est fort paisible. Y règnent la justice et l’amour… Ce qui est terriblement ennuyeux. Le vieux roi sait bien que ses enfants aimeraient partir à l’aventure… Il le leur permettra – enfin, à trois des quatre d’entre eux : le plus jeune, qui est aussi son préféré, restera auprès de lui pour apprendre le métier de roi, et lui succéder le moment venu. Mais Rodolphe, car tel est son nom (tous les noms propres sont francisés dans cette traduction ; il s’appelle Ralph dans la version originale), est d’autant plus bouillant qu’il est minot, et n’y voit qu’injustice : lui aussi veut partir à l’aventure ! N’importe laquelle, plutôt que de s’ennuyer dans ces Haults-Prés sans surprise et qu’il connaît par cœur ! Aussi ne se laisse-t-il pas faire – et il fugue… avec son armure de chevalier sur le dos.


Les environs ne sont certes pas très différents des Haults-Prés… Mais c’est déjà le monde extérieur : c’est bien ! De village en ville, par champs et forêts, Rodolphe découvre ce monde qui lui est inconnu. Mais il ne s’en satisfera pas : il veut de l’aventure ! Sans doute, à errer ainsi, finira-t-elle bien par lui tomber sur le coin de la figure ? Il faut quitter les villes – les forêts y sont plus propices, avec leurs brigands… Preux chevalier, et vif à brandir l’épée, Rodolphe a bien quelques occasions de briller…


Mais pas tant que cela, en fait. C’est un autre point saisissant du roman : l’adversité y est longtemps très limitée… Guère de matière, pour un chevalier ambitieux ! Les gens sont horriblement aimables, dans l’ensemble… Même si tel chevalier déshonorant ses armes par son irrépressible jalousie constitue déjà un antagoniste plus notable. La quête, alors… Venir au secours de tant de belles dames ? Oui, sans doute...


Mais il y a autre chose – comme une vague rumeur, et peut-être même pas tout à fait cela… Une fois sorti des Haults-Prés, en effet, Rodolphe, à plusieurs reprises, tombe sur des personnages tous enclins à jurer sur la Source au bout du monde… Mais qu’est-ce donc ? Lui n’en avait jamais entendu parler… Mais ils n’en savent pas grand-chose de plus. On dit, oui, qu’il se trouve une Source au bout du monde – sans bien savoir où donc se situe ce bout ; en fait, les informations varient avec les... sources (pardon). Mais qu’a-t-elle donc, cette Source, pour qu’on en parle sans cesse ? Là encore, les rumeurs varient… Très longtemps, en fait, on se contente de suggérer, plutôt que de le dire, qu’elle pourrait avoir des propriétés miraculeuses – qui en boirait deviendrait immortel ? Ou du moins vivrait-il bien plus longtemps que quiconque…


La Source ! En voilà, une quête à propos pour le jeune et fringant chevalier ! Il se lance sur sa piste… Mais sans peut-être en faire sa priorité ? Car, sur la route de Rodolphe, se trouvent donc certaines dames…


RODOLPHE ET CES DAMES


Le jeune et beau Rodolphe est en effet très agaçant : où qu’il se rende, il tombe systématiquement sur les plus belles des femmes, lesquelles tombent toutes éperdument amoureuses de lui !


Mais deux sont particulièrement importantes – qui entretiennent d’ailleurs une relation assez complexe, et éventuellement ambiguë : on tend en fait à deviner derrière ces deux femmes, au comportement tellement similaire, une seule et même figure… Qui, de toute façon, relève assez clairement d’un idéal courtois : elles sont tour à tour la Dame de Rodolphe, plus que d’énièmes princesses enlevées par les méchants – même si cette dimension ne les épargne pas. Et, bien sûr, toutes deux sont directement impliquées (et d’autres avec elles, ainsi la marraine de notre héros !) dans la quête pour la Source au bout du monde…


Car la première – appelons-la la Dame d’Abondance – a il y a de cela bien longtemps accompli le trajet et bu l’eau de la Source : nous nous en doutons depuis le départ, et Morris lâche somme toute assez vite le morceau. Mais cela n’explique que davantage le caractère « non humain » de la Dame d’Abondance : elle est une figure féminine relevant de la religion comme de la magie, tout à la fois une sainte et une sorcière – pas une « simple » femme, aussi belle et bonne soit-elle. Aussi ses rapports avec Rodolphe sont-ils souvent imprégnés d’une vague gêne… Rodolphe devait rencontrer, et à plusieurs reprises, la Dame d’Abondance sur sa route. Il y avait bien de l’amour, entre eux – mais un amour qui ne pouvait durer éternellement, car les deux personnages ne jouaient tout simplement pas dans le même registre. Il fallait donc mettre un terme à cette amourette aussi rafraichissante qu’absurde, aussi tendre que frustrante… Un terme radical – car la jalousie n’épargne pas les hommes et les femmes de ce monde en miniature où vagabonde Rodolphe.


Il fallait donc une autre femme – qui soit à la fois la Dame d’Abondance, et humaine ; en tant que telle, elle évoque une fille et tout autant une disciple du premier amour de Rodolphe. Ursule, puisque tel est son nom, joue cependant un rôle actif – elle n’est pas une plante en pot faisant de la figuration, saluant Rodolphe de ses pleurs amoureux au moment de son départ, et l’accueillant enfin à son retour, des années plus tard le cas échéant, quand vient le moment du repos du guerrier et de la ponte des marmots pour assurer la succession… Non : Ursule participe à la quête – au point où il ne s’agit pas seulement pour elle d’accompagner le héros mâle, mais d’accaparer ses prérogatives pour prendre une part égale à son aventure. Ce n’est plus la quête de Rodolphe : c’est la quête de Rodolphe et d’Ursule.


Oh, certes, en tant que femme, elle est un nécessaire véhicule de l’amour… Quelque peu fatigant, d'ailleurs. Mais peut-être faut-il noter que les tendresses envahissantes de tant de femmes (même si d’abord ces deux-là) pour le charmant Rodolphe ont quelque chose de franc et entier qui peut surprendre ? En fait, tout particulièrement entre Rodolphe et Ursule peut-être, l’amour ne se contente pas des démonstrations d’affection grandiloquentes de la tradition courtoise ou de l’hypocrite naïveté que l’on dit platonicienne : leur amour est aussi charnel ; rien d’explicite, hein, mais nulle ambiguïté non plus – et nulle morale malvenue pour condamner l’union des corps au nom de la pureté des seules âmes. Rodolphe et Ursule, certes, se marient avant d’atteindre la Source – je suppose qu’on pourrait y voir une allégorie… Et ils le font pour partie parce qu’ils redoutent que le miracle n’opère pas, ou qu’ils meurent en chemin, pour prix de leurs péchés… Mais c’est comme si le péché, finalement, n’avait rien à voir avec tout cela. Pas plus mal, hein ?


RODOLPHE ET LE MAL


Si le péché n’a guère de place ici, il n’en va peut-être pas ainsi du mal ? Mais sans grande certitude… Car c’est là un aspect (annoncé plus haut) qui m’a paru particulièrement déroutant dans le roman : le manque d’adversité.


Longtemps notre aventurier Rodolphe n’a en fait pas vraiment d’ennemis. Il y a bien quelques brigands çà et là, et des bourgeois d’essence douteuse, des ambiguïtés enfin qui semblent tout particulièrement concerner les autres porteurs d’armures… Mais pas de figure maléfique à proprement parler – pas de Sauron, pas davantage de sorcier stygien corrompu par son art ténébreux. En fait, cela va plus loin : même les personnages qui paraissent d’abord négatifs se voient souvent accorder des pages consacrées, sinon à leur réhabilitation à proprement parler, du moins à réévaluer quelque peu leur vilénie…


Il faut attendre assez longtemps pour rencontrer un premier personnage véritablement répugnant : le ménestrel Mort-Fine. Mais il n’est en fait que l’ombre d’un mal plus grand encore, le seigneur d’Outre-Malmont, figure tyrannique de longue date redoutée… même si, quand il apparaît enfin dans le roman, il n’a tout d’abord pas l’air si « mauvais », au fond.


Et pourtant, si – dans la mesure du moins où il incarne les caprices d’un despotisme esclavagiste : anti-chevalier, Outre-Malmont oppresse parce qu’il en a la possibilité. En cela, il ne faut peut-être pas tant l’envisager comme un « personnage » à proprement parler, mais comme l’incarnation sur le mode de la métaphore de la brutalité égoïste d’un système capitaliste impitoyablement darwinien dépouillant les hommes de tous leurs attributs. C’est pourquoi il est associé avant tout à l’esclavagisme, et, en cela, constitue une sorte de « pont » permettant l’identification du véritable mal en ce monde : la bourgeoisie la plus vulgaire, sans foi ni loi, qui trompe et exploite au seul nom de son profit – unique valeur de son horizon mental pervers. Pas un hasard, sans doute, si la seule véritable scène de bataille du roman, tout à la fin, oppose lesdits bourgeois à la troupe disparate de Rodolphe, où chevaliers et bergers combattent côte à côte, avec également les renforts d’une bourgeoisie autrement plus sympathique – car plus noble jusque dans son réalisme ? Morris était un auteur socialiste, hein…


LE BOUT DU MONDE


Mais pas de magie et autres maléfices dans le tableau de ces rares antagonistes marqués. La magie, encore une fois, est discrète. En bien des endroits, La Source au bout du monde pourrait n’être qu’un avatar particulièrement archaïsant de roman de chevalerie – les toponymes imaginaires n’ayant pas les connotations que l’on trouvera plus tard chez un Tolkien.


Pourtant, il s’agit bien de fantasy : les Dames sont là pour le rappeler, et, tout autant, bien sûr, le motif de la quête de la Source au bout du monde. Mais les quatre parties du roman sont donc quatre routes – et c’est donc peut-être le voyage qui prime ? La troisième route, qui conduit enfin à la source, après l’amour, après les périls, fait basculer le roman dans l’onirisme le plus fantasque – ce qui passe notamment, comme dit plus haut, par la dilatation de l’espace comme du temps. Subitement, les paysages changent : ils gagnent avant tout en démesure, comme un moyen de renforcer leur exotisme.


Et, passé la rencontre (très importante, cela dit !) du peuple ancien et mystérieux qui vit à la lisière du désert séparant le monde de son bout où se trouve la source, l’aventure change également de tonalité en ceci que nos héros, Rodolphe et Ursule, sont alors seuls, et ce fort longtemps. Même si les images n’ont certes pas le même effet, car traduisant des situations bien différentes, j’ai été porté, à lire ces passages, à repenser à Frodon et Sam seuls au cœur du Mordor… C’est bien sûr au mieux contestable ; d’autant plus, bien sûr, que le désespoir, en dehors de rares hésitations (ainsi à l’Arbre Sec), n’est pas de mise ici – c’est bien l’enthousiasme qui domine, une joie baignant dans la foi (quelle qu'elle soit). Car La Source au bout du monde est un roman éminemment positif.


LE RETOUR – POUR LE MIEUX


C’est une dimension tout particulièrement sensible dans la dernière partie du roman, intitulée « La Route du retour ». Car, si accomplir la quête est une chose, ce n’est pas pour autant la fin de l’histoire. Les « amis de la Source » doivent encore revenir sur leurs pas – et, enfin, rentrer « chez eux »… c’est-à-dire dans les Haults-Prés, où Ursule suit tout naturellement son époux.


Or ce retour a aussi pour fonction de témoigner de ce que le monde change – et, dans La Source au bout du monde, il change pour le mieux. Le roman, bien sûr, ne s’appesantit par sur les voyages, mais prend bien soin d’en marquer les étapes – et, à chaque fois, les choses se sont arrangées : ainsi, notamment, le tyran d’Outre-Malmont a-t-il été vaincu et remplacé par quelqu’un de bien autrement sympathique, et les bourgeois semant la terreur dans les bois en ont de même été chassés. Joie dans les chaumières ! Plus d’esclaves, mais des paysans et artisans heureux de connaître des temps meilleurs ; des hommes et des femmes libres, qui n’ont plus à craindre les caprices des despotes !


À ceci près, bien sûr, que les bourgeois chassés de leur place-forte, dans leur égoïsme rapace, en cherchent une nouvelle… Les Haults-Prés, comme de juste. Il faudra y affronter les oppresseurs – et pour ce faire le chevaleresque Rodolphe ainsi que sa Dame Ursule passeront quantité de pactes solennels, assurant dans la fraternité que les hommes libres sauront toujours s’unir contre l’exploitation !


C’est là un aspect très important du roman – qui justifie a posteriori, à la façon d’un miroir, la construction des premières parties, qui pouvait sembler passablement alambiquée. Et j’ai tendance à croire qu’ici, tout particulièrement, Tolkien a en définitive payé son tribut à Morris : « There and Back Again », dit le sous-titre du Hobbit. Mais, surtout, difficile ici de ne pas penser au livre VI du Seigneur des Anneaux, et tout particulièrement au retour des hobbits dans la Comté oppressée par Saroumane en exil…


LA FRAÎCHEUR ET L’ARTIFICE


Mais La Source au bout du monde est donc un roman assez déconcertant… Et je me rends bien compte, à revenir sur cette lecture, de ce que cette chronique n’est pas forcément si engageante que cela. En fait, je m’en rends compte d’autant mieux que, au moment même de ma lecture, j’avais ces divers éléments en tête !


Nous avons là un roman où il ne se passe finalement… pas grand-chose, dans un monde somme toute guère singularisé, et où abondent les personnages « fonctionnels », guère différenciés. En fait de « romance » au sens britannique, le fait est que la romance est de la partie – et envahissante. L’adversité, par contre, est réduite peu ou prou à rien… et, ainsi que dans les plus naïfs des contes (et les plus naïves des utopies politiques ?), tout change pour le mieux ! Think positive !


C’est horrible, hein ? Ou ça devrait l’être ? Parce que le fait est que… non, en fait. Et ça passe même très bien.


Ce qui justifie en fait ce bonheur de lecture, et ce bilan ultimement favorable, et même plus que ça, c’est sans doute que, cent-vingt ans après sa publication, La Source au bout du monde a su conserver, mais par quel miracle ? une incroyable et revigorante fraîcheur… Cela tient peut-être au fait que ce roman, tout séminal qu’il soit, a conservé une très forte singularité le distinguant de ses plus fameux épigones – ou prétendus tels. En fait, l’adversité limitée et même le caractère foncièrement positif du roman deviennent à cet égard des atouts – et ils ont bien, oui, quelque chose de… rafraichissant. Affaire de sincérité, sans doute ?


Mais pas uniquement – vous savez comme moi ce que l’on dit des bonnes intentions… Il faut donc y adjoindre un art narratif particulier, témoignant du talent d’écrivain de Morris. Celui-ci sait parfaitement agencer son histoire, sur un mode picaresque bien maîtrisé et d’une admirable efficacité. Non, il ne se passe pas forcément grand-chose dans les pages de La Source au bout du monde – et on y croise nombre de personnages peu ou prou interchangeables, car peu de choses somme toute permettent de les distinguer (et probablement pas leurs dialogues) ; pourtant, on ne s’y ennuie jamais ! Peut-être parce que l’auteur a su, d’une manière ou d’une autre, établir une forme de complicité bienheureuse avec son lecteur ?


Cela passe sans doute, aussi paradoxal que cela puisse paraître, par le caractère délibérément « artificiel » du roman, qui devient étrangement une garantie de sa qualité. Morris en fait des caisses, côté archaïsant – une dimension du récit qu’il ne devait pas être évident de retranscrire en français, d’ailleurs… Et pourtant cela marche très bien, c’est un beau travail. Et d’autant plus beau que, même en ce qu’il est « faux », il ne vient en rien nuire à la sincérité dont je parlais un peu plus haut ? En fait, il l’appuie – et cela relève donc peut-être de la complicité évoquée entre deux. C’est comme si l’auteur expliquait ses dispositifs et procédés, comme s’il violait cette sacro-sainte loi de l’écriture romanesque consistant à ne jamais afficher le caractère forcément « mensonger » de ce qui est narré. L’artifice, ici, est pourtant au premier plan – mais il est aussi délicieux… Le Moyen Âge idéalisé de Morris a quelque chose de carton-pâte, les armures sont en toc, et les arrière-plans des décors peints sur la scène d’un théâtre grotesque. Nous le savons – et en partie parce que Morris a fait en sorte que nous le sachions. Mais cela participe en fait du plaisir de l’entreprise – de cette fantasy naissante qui s’accommodait fort bien du factice, en en faisant une vertu. Peut-être est-ce aussi en cela que le roman a conservé toute sa jubilatoire vigueur : il prend le contrepied des encyclopédies fantaisistes ultérieures – en même temps qu’il les annonce !


MERCI !


Ce roman n’aurait pas dû me plaire, hein ? Mais non, je ne trompe personne : bien sûr, qu’il m’a plu ! Je ne suis donc pas bien certain de comprendre véritablement pourquoi, mais, oui, il m’a plu – indéniablement.


Un très bel ouvrage, et une très belle entreprise de la part des Forges de Vulcain – qui mérite bien tous nos applaudissements.


Et comme on n’en a jamais assez, reste à espérer que d’autres livres du genre paraîtront, aux Forges ou ailleurs, en fait, qui sauront (aha) rappeler utilement à notre bon souvenir que la fantasy n’est pas née d’un seul bloc (ou de deux, avec Tolkien et Howard), et que bien des maîtres du genre restent encore à découvrir ou redécouvrir…

Nébal
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le 25 mars 2017

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