Ender’s Game (1985), d’Orson Scott Card, est un classique de science fiction qui a raflé plusieurs éminentes récompenses, dont le Hugo Award. J’ai découvert l’histoire par son adaptation de 2013 du même titre —de mémoire franchement pas terrible—, et je suis tombé dessus un peu par hasard alors que je recherchais un audio livre.


Mais j’ai eu un gros soucis avec cette oeuvre : je n’y ai pas cru. Pas une seule seconde. Je la trouve faible sur trois points cruciaux : l’univers, la structure de l’histoire, et les personnages.


Tout d’abord l’univers. Il est vague, voire simpliste. À peine saura-t-on de la géopolitique qu’on est jamais sorti de la guerre froide malgré une pseudo-unification et que la Terre est surpeuplée. À peine saura-t-on de la technologie qu’on sait manipuler la gravité, qu’on a un moyen de transmettre plus vite que la lumière et qu’on maîtrise le vol interstellaire, grâce à d’obscurs emprunts aux buggers. C’est vraiment trop maigre.


Ensuite la structure de l’histoire. Je ne comprend pas le focus sur la Battle School, qui prend les deux tiers du bouquin environ, alors que tout l’enjeu de l’histoire (la destinée d’Ender, la guerre avec les buggers, même l'espèce de conquête prépubère du monde par ses frangins) se trouve dans la Command School. De même, je trouve dommage que les stratégies soient si développées dans les combats d’armées avec ses copains et si vagues quand il s’agit de la flotte et la guerre. Comme si l’auteur n’avait aucune idée de ce qu’il voulait décrire. Concernant Ender, c’est encore pire. Du début du livre jusqu'à la fin de la guerre, il répond au même schéma : il gagne TOUJOURS, quelques soient les crasses qu’on lui fait, mais malgré cela il est TOUJOURS manipulé. Intéressant, comme position, mais répétitif. Ah, et tout ce qui se passe après la guerre est d'un intérêt très limité et aurait pu (du ?) être évacué en un épilogue.


Enfin les personnages. C’est difficile d’écrire des enfants, et Orson Scott Card contourne le problème en faisant de tous ses protagonistes en culottes courtes des génies en puissance. Au bout d’un moment, ça perd de son intérêt.


Le livre n’est pas sans qualités. En particulier, les questions morales qu’il soulève sont très épineuses et assez fines. Le parallèle avec les enfants soldats qu’on peut trouver encore de nos jours est intéressant, mais le livre se tire un peu dans le pied. En effet, malgré tout ce qu’on lui fait subir, et contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, Ender n’est jamais perverti par son entrainement. Il reste le même. A l’inverse, c’est sa soeur Valentine qui change, légèrement corrompue par son frère Peter. Et si je trouve Ender trop lisse, le reste de la fratrie est intéressante (même si archétypale), de même que le personnage de Graff.


Écouté en anglais, lu par Stefan Rudnicki, Harlan Ellison et Gabrielle de Cuir. La lecture n’est dans l’ensemble pas mauvaise même si les acteur s’emballent parfois un peu trop au niveaux des voix (ça reste rare). Par contre, les changements de narrateurs ne sont pas toujours consistants. Parfois le narrateur d’Ender (dont la voix est trop grave pour être crédible en enfant de 6 ans) fait aussi la voix de Valentine et parfois non. Parfois c’est Valentine qui fait la voix d’Ender. Parfois les deux dialoguent. C’est pas clair, et je ne recommande pas vraiment le livre audio.


Bref, sans être un mauvais livre, Ender’s Game m’a franchement déçu pour une oeuvre qui aura autant marqué la science fiction. Je ne comprend pas son succès.

Bastral
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le 27 juil. 2019

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Bastral

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