Dans La Vallée Des Fleurs, on lit l'histoire à la première personne d'une inuite du Groenland en partance pour le Danemark afin qu'elle poursuive des études. La toute jeune femme à tout pour être heureuse. Elle est aimée de ses grands parents qui l'ont élevée, elle partage un bonheur avec sa petite amie, Maliina, qui est très amoureuse d'elle, passionnément, à la folie à en lire les ébats horizontaux décrits dans leur intimité. C'en est limite dérangeant tant parfois la plume de Niviaq Korneliussen est crue et vive. L'autrice ne prend pas de pincettes.

La toute jeune femme, dis-je donc, à tout pour être heureuse mais au fil des chapitres dont chaque entête décrit un cas de suicide dans le premier tiers - le Groenland détient le plus haut et sinistre taux de suicide au monde - un mal de vivre profond se révèle ancré en elle. Un mal qui n'est pas récent, qui enfle, se dilate par les apports du mal du pays, de l'éloignement avec la petite amie Maliina et d'une infidélité commise dont la graine développe une culpabilité qui ne lâchera pas l'étudiante qui se retrouve psychologiquement au bord d'un précipice, torturée entre la fierté de ses origines et la honte d'être ce qu'elle est ainsi que le choix entre la guérison et le sabordage radical pouvant amener à une folie destructrice dans la dernière des trois parties qui composent le livre.


En personnage notable, il y a aussi celui de Navarana que rencontre la narratrice lors de ses voyages vers et au Danemark, une femme intrusive, positiviste et déjantée, faisant penser à une équivalente réelle à un certain Tyler Durden dans Fight Club.


Entre des répits poétiques et contemplatifs qu'il contient, le deuxième livre de Niviaq Korneliussen se lit sur fond d'un malaise social ressenti entre Danemark et Groenland où le racisme, l'alcoolisme, l'homophobie, les incestes multiples et les fins d'hivers difficiles gangrènent une jeunesse et des familles issues d'un peuple de plus en plus sédentarisé sur sa grande île polaire devenue autonome mais toujours sous tutelle danoise. De sa plume pointue et sans chichi, l'écrivaine groenlandaise crève, peut-on dire, un abcès en n'hésitant pas à gicler le poison qui finit par éclabousser l'esprit d'un lecteur immergé.

MonsieurScalp
8
Écrit par

Créée

le 11 nov. 2023

Critique lue 31 fois

1 j'aime

2 commentaires

MonsieurScalp

Écrit par

Critique lue 31 fois

1
2

D'autres avis sur La Vallée des fleurs

La Vallée des fleurs
YasminaBehagle
7

La petite fille aux allumettes 2022

C’est l’histoire d’une Groenlandaise qui va habiter au Danemark pour ses études, et qui se heurte à sa propre inadéquation au monde « moderne ». En fait, ce n’est pas tant un livre sur la différence...

le 17 févr. 2022

2 j'aime

La Vallée des fleurs
MonsieurScalp
8

Je me déteste et je veux mourir !

Dans La Vallée Des Fleurs, on lit l'histoire à la première personne d'une inuite du Groenland en partance pour le Danemark afin qu'elle poursuive des études. La toute jeune femme à tout pour être...

le 11 nov. 2023

1 j'aime

2

Du même critique

Les Dents de la mer
MonsieurScalp
8

"Il nous faudrait un plus gros bateau !"

Un des premiers blockbusters devenu un bon vieux classique d'épouvante et d'horreur. Certes, le gros squale ne berne plus les yeux depuis longtemps par son apparence grotesque, mais le film se tient...

le 8 avr. 2017

20 j'aime

3

Jurassic Park
MonsieurScalp
8

Des grands sauriens et des petits hommes

Ce film, je l'avais boudé à sa sortie. Non mais, sérieusement, les aînés à qui je m'adresse ! Oui ceux de mon âge, là ! Rappelez-vous l'énorme boucan médiatique que la sortie du film de Steven...

le 29 avr. 2020

19 j'aime

8

Spider-Man: Far From Home
MonsieurScalp
4

Spider-Boy en vacances ...

Déjà, ça commence mal, car la bande sonore nous sert du Whitney Houston avec "I Will Always Love You", l'un des slows les plus irritants dès que ça crie aux oreilles, ici en chanson commémorative des...

le 12 juil. 2019

19 j'aime

8