On voit bien que l'auteur savait ce que c'était d'avoir un chat...!!!
On oublie la mélancolie du triangle amoureux du "Goût des orties", on oublie le tragique exacerbé de celui de "Svastika", car ici c'est l'ironie, non dénuée d'humour loin de là, qui règne dans ce court roman de Jun'ichirō Tanizaki.
Ironique car le maître, donc l'homme entre les deux femmes, se soucie beaucoup plus, pour ne pas dire uniquement, du bien-être de sa chatte devant laquelle il est en adoration que de sa seconde femme et de son ex-épouse.
Ex-épouse, qui tout comme la seconde et actuelle femme du protagoniste, n'a jamais pu blairer la chatte pour cause de jalousie, et qui ne va pas manquer de réclamer l'animal à son ancien mari par l'intermédiaire de sa conjointe, non sans une belle part de calcul et non sans quelques intentions assez évidentes... Mais là encore, l'ironie va pointer son nez car l'ancienne compagne a considérablement sous-estimé l'affection qu'elle pouvait avoir envers nos amis à fourrure...
Des personnages bien croqués, mais surtout on sent derrière l'écriture de l'auteur l'expérience, que celui-ci savait ce que c'était d'avoir des animaux. Seul quelqu'un qui a eu un chat pouvait décrire avec autant de justesse les relations très spéciales qui lient le maître avec son félin, et seul quelqu'un qui a eu lui-même de l'expérience dans ce domaine peut comprendre combien l'auteur est d'une grande justesse.
Et on comprend à la fin que le véritable triangle amoureux est composé ici du maître, de l'ex-épouse et de la chatte... Et puis, il y a le thème récurrent chez Tanizaki de l'obsession... Bref on est bien chez Tanizaki, sauf qu'il se fait plus léger, plus ironique que d'habitude et que cela lui va tout aussi bien.
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