Un bordel jouissif

Il l'a fait ! Xavier Müller l'a fait ! Il a conclu sa trilogie préhistorique foireuse à base de virus improbable et de singes télépathiques !

Après un tome 2 ma foi un peu raté avec son côté fantasque à moitié assumé, l'auteur a finalement décidé de quel côté allait pencher cet opus final. Parce que oui, Xavier Müller n'est pas con, il sait qu'il ne peut pas amener une explication crédible à son histoire de virus faisant régresser les espèces. Il sait qu'avec problématique foireuse vient résolution foireuse. Et ôôôô combien c'est délirant.

Je ne vais pas trop en révéler puisque l'intrigue du bouquin m'a totalement pris de cours, mais tout ce que je peux en dire, c'est qu'on a affaire au croisement improbable entre Jurassic World et Les Visiteurs. Le tout soi-disant cohérent niveau scientifique, comme si Bernard Weber s'était enfilé la filmographie de Colin Trevorrow et de Jean-Marie Poiré avant de passer derrière la machine à écrire. Les pages défilent et on en vient à se demander s'il s'agit bien du même univers dépeint dans le premier tome tant l'ensemble plonge tête en première dans la pure science-fiction. J'en veux pour exemple la réécriture de l'Histoire avec laquelle Müller se fait clairement plaisir, s'amusant à prendre ses chers Erectus et les mettre partout et à toutes les sauces. Mais quand je dis partout, c'est vraiment partout. Mais ça n'est rien comparé à tout le reste, les chapitres rivalisant pour fournir les scènes les plus surréalistes possibles, à un point où j'en venais par moment à ne plus comprendre ce qu'il se passait. Je veux dire, y'a vraiment des singes tueurs qui sortent de météorites pour conquérir la planète ? Et me laissez pas commencer avec les théories du complot et les hommes aux super pouvoirs. Non ce n'est pas une blague.

Certes c'est infiniment con, pourtant j'ai vraiment pris mon pied en tournant les pages, fasciné par la radicalité et l'imagination débordante de l'auteur. D'autant que contrairement au tome 2, tous les personnages originaux sont bien de retour et assez bien exploités, l'héroïne Anna Meunier ayant même droit à un véritable arc. C'est assez réjouissant de voir toutes les pièces du puzzle s'assembler pour un final explosif après une saga endiablée et sans limites.

Alors oui, je regrette tout de même le ton anxiogène et l'horreur du premier tome, véritable réussite littéraire à mes yeux, ici sacrifiés au profit d'un chaos cosmique. Mais je suis tellement surpris par une telle tournure que je ne peux qu'apprécier le travail et la passion mises à l'œuvre.

Au passage, Xavier Müller, petit malin qu'il croit être, affirme en annexe de son roman que sa théorie de régression a vraisemblablement été prouvée depuis la sortie du premier Erectus par des trouvailles paléontologique... Ahahahah ! Ta gueule Xavier.