Monsieur Gutman est un homme d'affaires new-yorkais qui s'intéresse à la statuette du faucon maltais. Il la convoite, non parce qu'il s'agit, sous sa couche de laque noire, d'un objet en or inscruté de pierreries, mais pour sa valeur bien supérieure du point de vue spéculatif. Etant quasiment le seul à connaître son origine, il pense, une fois en sa possession, pouvoir en obtenir une très forte somme d'argent de la part des représentants de l'ordre de Malte. En effet, cette confrérie prestigieuse et fortunée l'a fait fabriquer quelques siècles auparavant, avant qu'il ne soit détourné de son destinataire, l'empereur, par les pirates barbaresques qui infestaient alors la Méditerranée. On sait que Hammett était un pourfendeur résolu du capitalisme financier. Dans ce roman, sa critique s'exerce de manière voilée, à la manière d'une allégorie, envers les pratiques de ce système et les mentalités qu'il implique. Etrange société, nous suggère-t-il, que celle où il n'y a plus de valeur que la valeur d'échange. Cet objet symbolique que constitue la statuette est considéré par Gutman comme n'ayant jamais eu de propriétaire en titre, ce qui justifie selon lui le fait de s'en emparer sans être trop regardant sur les moyens mis en oeuvre : tromperie, violence, persuasion, marché de dupes, violence, séduction, négociation, accord, tromperie, corruption, violence, transaction, menace, tromperie, violence, proposition, etc. Le récit se déroule à San Francisco, mais on apprend que l'objet convoité, quant à lui, s'est déplacé de l'Europe et de ses confins (Constantinople) jusqu'aux Etats-Unis, en faisant un détour par Hong-Kong, la place financière anglo-saxonne de l'Asie à cette époque. L'auteur manie bien les métaphores. Ironie du destin, le roman a été publié d'abord (en quatre livraisons dans une revue) à l'automne 1929, au moment où se produisait le krach de Wall Street.