J’ai aimé me promener et m’arrêter sur les ponts de Brisbane. Ils sont modernes et élégants et en traversant la rivière qui serpente au cœur de la ville, ils offrent des angles et des lumières insoupçonnés. De mon hôtel sur la South Bank, il me fallait prendre un pont pour arriver sur King George Square et le City Hall de Brisbane. La première pierre de cet impressionnant monument, mariant le fronton du Panthéon de Rome et le Campanile de Saint-Marc à Venise, a été posée en 1917. Sans doute inspiré par le goût impérial anglais pour les « Pomp and Circumstance », le bâtiment dénote un peu avec le reste de la ville au style beaucoup plus contemporain. Je suis rentré à l’intérieur et y ait visité le « Museum of Brisbane ». Hélas, il n’y avait plus de tickets pour montrer en haut de la tour et y découvrir les mécanismes de l’horloge.
J’ai retrouvé avec plaisir ce City Hall et sa fameuse « clock tower » dans les scènes finales du roman « Le Garçon et l’Univers (Boy Swallows Universe) », le premier roman du journaliste australien, Trent Dalton. L’excellente adaptation en mini-séries sur Netflix fait aussi la part belle à ce monument iconique de la capitale du Queensland.
Cependant, l’essentiel du roman se passe loin du prestigieux City Hall. Les deux frères, Eli et Gus Bell, et leurs parents, sont d’ailleurs très impressionnés par l’invitation qu’ils ont reçue de s’y rendre pour une soirée de gala lors de laquelle Gus se verra remettre une récompense.
C’est à Darra, une banlieue paumée dans le sud de Brisbane que se déroule l’essentiel de ce roman semi-biographique. Eli Bell a douze ans. Il vit avec Gus, son grand frère et leur mère Frankie, et Kyle, son compagnon. Ce dernier est un petit trafiquant de drogue qui veut jouer solo. Erreur qu’il paiera cher : ses anciens patrons viennent l’embarquer pour le faire disparaître, après avoir sectionné un des doigts d’Eli. La maman, une ancienne toxicomane passe par la case prison. Les deux frères se retrouvent chez leur père alcoolique.
Et pourtant, nous sommes loin d’un roman misérabiliste. Au contraire, Eli, qui rêve de devenir journaliste, n’a peur de rien et enquête pour comprendre ce qui est arrivé à son beau-père. Il fait tout pour rentrer au « Courier-Mail » le quotidien pour lequel écrit la belle Caitlyn Spies, journaliste dont il tombe amoureux. Suivant les conseils de Slim, leur ancien baby-sitter, qui s’est évadé plusieurs fois de prison, il réussit l’exploit inverse : rentrer dans la prison des femmes de Boggo Road pour souhaiter un joyeux Noël à sa maman. Les aventures parfois rocambolesques d’Eli se font sous l’œil protecteur de Gus, son grand-frère, qui refuse de parler mais semble pouvoir prédire l’avenir et communique en traçant avec son doigt des mots en l’air.
J’ai beaucoup aimé ce roman d’apprentissage, parfois burlesque, souvent tendre, qui donne une image de l’Australie loin des plages et des surfeurs bronzés, mais qui met en valeur l’humour et l’esprit de résilience de ce pays.
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