Titi parisien du quartier de la Bastille, Joseph a huit ans lorsque sa mère décéde des suites d’un avortement. Il ne connait pas son père et devient pupille de l’Etat lorsque sa grand-mère est placée à l’hospice. Son monde bascule lorsqu’il est arrêté pour une bricole et envoyé à la prison de la Petite Roquette où il découvre l’enfer : insultes, brimades, coups, jusqu’à devenir le jouet sexuel de ses gardiens. Puis le transfert à la colonie pénitentiaire agricole de Mettray en Touraine, véritable bagne pour enfants d’où l’on ne revient pas toujours. Grandir dans ce type de structure, se découvrir et se construire devient une gageure que peu relèveront.
Joseph est un enfant sensible et attachant, terriblement courageux et intelligent, des qualités qui lui permettront de garder espoir en dépit de toutes les horreurs vécues. Dire que ces instituts ont à l’origine été créés par l’Etat pour protéger les enfants pauvres, pour leur éviter de commettre des actes délictueux! Chacun de leurs faits et gestes étaient un prétexte à reproches, punitions et tortures. Véronique Olmi situe le récit à Mettray mais évoque également Belle-Ile, Eysses, car plusieurs de ces centres ont vu le jour sur le territoire français. Le destin de Joseph est émouvant: son courage et son obstination lui permettent de s’en sortir et de retrouver ceux qu’il aime. Dans les pires moments de son existence, il parvient à s’éveiller à la vie, à l’amour sans jamais oublier d’où il vient. Au fil de rencontres, il découvre la musique, s’en émerveille et s’en imprègne jusqu’à en jouer, ce sera sa porte de sortie et son retour à la vie.
J’ai été attirée par ce roman historique pour son sujet, l’enfance martyre des colonies pénitentiaires. Si le style de Véronique Olmi, intense et rythmé m’a un peu déroutée, j’ai aimé la façon dont elle a abordé ce sujet, avec ce personnage au destin si émouvant.