Le jardin secret

Après avoir vu cette petite merveille "le jardin secret" d'Agnieszka Holland réalisée en 1993, j'ai tenté de trouver le livre adapté qui date de 1911, traduit en français en 1921. Autant dire que c'était parti pour être une "mission impossible".

Eh bien, contre toute attente, le livre est encore régulièrement édité et semble même être un classique "roman pour la jeunesse".

L'auteure anglo-américaine Frances Hodgson-Burnett est une spécialiste du "roman d'apprentissage" pour enfants. Et même si j'ai un peu passé l'âge, c'est avec délices (au pluriel) que je me suis plongé dans ce roman, pas du tout mièvre (ça, j'ai du mal à supporter), où des enfants vont se transformer grâce à la Nature et à ses bienfaits.

Au départ, des orphelins, comme il se doit : Mary a perdu ses parents lors d'une épidémie de choléra aux Indes et est rapatriée chez un oncle, dans un glacial manoir anglais au milieu de nulle part, dans un pays froid et battu par les vents. Colin, son cousin, a perdu sa mère lors de sa naissance rendant son père fou de chagrin. Les deux enfants sont insupportables de suffisance et d'exigences face à leur entourage.

Et pourtant, il a suffi d'un rouge-gorge et d'un humble jardinier philosophe (sans le savoir) pour que peu à peu les caractères se transforment pour découvrir l'autre, pour découvrir qu'on n'est pas un Rajah ou une princesse à qui tout est dû, pour découvrir le dévouement à autrui.

Le rouge-gorge ! C'est un de mes oiseaux préférés. On dit de lui qu'il n'y a pas loin du rouge-gorge à la bêche. Effectivement, quand je suis au jardin et que je bêche ou sarcle, souvent, un rouge-gorge s'approche et surveille mes faits et gestes. Si je m'éloigne de quelques mètres, le rouge-gorge en profite pour picorer des insectes ou vers à l'endroit où je travaillais. Et je peux dire qu'à toute saison, le ventre de mon rouge-gorge est bien replet.

Bon, après cette petite digression, revenons au roman qui, au-delà de l'histoire de ces enfants qui apprennent à vivre et à respecter les autres, est une véritable ode à la Nature qui s'éveille après l'hiver pour exploser au printemps. Mais attention, ce n'est pas sans effort. Il y faut du travail pour accompagner les métamorphoses des plantes et arbres au jardin. Mary va découvrir le bonheur de gratter la terre pour dégager les mauvaises herbes des minuscules pousses qui deviendront des crocus, des jonquilles, de tailler les rosiers, etc …

Que dire aussi de Dickon, le jeune garçon à la main toujours verte, toujours accompagné d'animaux à qui, seul, il sait parler? Il saura initier Mary et Colin aux plaisirs du jardinage et sera l'artisan de leur évolution.

Ce que j'apprécie dans ce roman, c'est d'abord l'absence de morale : c'est par le travail, par la découverte du dévouement à l'autre que les enfants se réalisent pleinement.

Et puis, même si les circonstances sont un peu idylliques, même si les transformations sont bien un peu rapides, jamais le roman ne tombe dans la mièvrerie. L'auteure a su se garder de ce risque en restant dans un monde de l'enfance plein d'espoir et d'humour.

Roman tellement rafraichissant que je le recommande volontiers.