Mais que diable allais-je faire dans cette galère ?

Vous me direz (avec raison) : « C’est l’jeu ma pauv’ Lucette ! (euh, Gwen) »
Et bien oui, j’ai joué et j’ai perdu, ça arrive à tout le monde mais ce constat ne m’épargne pas l’irritation du sentiment de perte de temps !

Ce roman ne comptant que 370 pages et n’aimant pas abandonner une lecture, animée au fond de mon être par l’espoir ténu que les choses vont s’améliorer, j’ai donc persévéré jusqu’à en venir à bout. Pourquoi m’être procuré ce roman ? Car, oui, circonstance accablante, j’avoue qu’il n’était même pas dans ma bibliothèque, en train de prendre la poussière aux côtés d’autres œuvres trop longtemps délaissées ; non, je l’ai bel et bien acheté après avoir lu des commentaires plutôt élogieux sur Babelio qui avaient titillé ma curiosité de lectrice. Mal m’en a pris, au grand jeu de la roulette russe babeliesque, il faut savoir être bon perdant !

Allez, gardons notre bonne humeur et considérons ce récit avec un peu de recul.

La colombe, c’est la belle Aislinn, une Saxonne (ah, oui, j’oublie de préciser que nous sommes en Angleterre en 1066, au moment où Guillaume, notre sympathique duc de Normandie, ravage la campagne anglaise pour la faire sienne), une Saxonne, disais-je, soumise au joug (fatalement violent) de l’envahisseur Normand. Fille noble, elle est prise en otage dans le propre château de son père et mise dans le lit du vainqueur. Evidemment, Aislinn est belle à couper le souffle des moins phtisiques de ses contemporains, elle est rousse comme la flamme vive d’un feu de cheminée (dans laquelle, inévitablement, se consume un tronc entier), possède un corps de rêve à la fois mince et voluptueux (le genre de truc improbable et qui irrite les lectrices mais ce n’est là que vile jalousie, passons…) et par conséquent elle affole sans le vouloir tous les hommes, amis ou ennemis, qui s’aventurent dans un rayon de 50m autour de ses jupons (élégants quoique déchirés). Cerise sur le gâteau : comme 98% de ses semblables (comprenez « héroïnes de romans pseudo-historiques à la sauce romanesque »), elle maîtrise l’art de soigner par les plantes et peut vous éviter l’amputation d’un membre grâce à l’application d’un cataplasme à la bouse des marais (véridique).

Le loup, c’est THE vainqueur, le voilà cet homme au nom qui résonne comme un coup de poing, Wulfar (je n’ai pas réussi à m’y faire même parvenue à la page 370). Plus couturé par les cicatrices de guerre qu’une chaussette reprisée par mes blanches mains, son corps est celui d’un demi-dieu, son regard est tour à tour tendre comme une guimauve Tagada ou dur comme l’acier de Tolède de son épée, cheveux blonds, yeux gris (Christian Grey, sors de ce corps !), c’est un MÂLE dominant et dont le principal rôle est de… dominer. Charmé par les appâts de sa prisonnière, il n’aura, bien évidemment, de cesse que d’y goûter…

****ALERT SPOILER****
Côté histoire, absolument rien de savoureux, tout est prévisible. La moitié du livre se déroule en huis-clos dans le manoir de Darkenwald, fief de la famille d’Aislinn, jusqu’à ce que l’auteur ait pitié de ses lecteurs en passe de devenir cinglés à tourner en rond entre les quatre murs du donjon ou craigne sérieusement que son œuvre leur tombe des mains, les personnages se transportent hors les murs, dans un Londres décrit comme n’importe quelle ville (oui, avec des rues, des maisons et même un château, ben oui, y a quand même un couronnement à placer (en trois lignes)).

Si vous n’avez pas craqué et si vous êtes toujours en train de lire cette critique, c’est que vous avez l’espoir d’en savoir un peu plus sur l’intrigue (ou pas). Le but du récit est de savoir si oui ou non Wulfar, notre homme-loup, va épouser ou pas notre jolie rouquine, si Wulfar aura raison de Ragnor (autre nom indigeste), son rival, et si notre colombine héroïne va oui ou non réussir à clouer le bec de Gwineth, sa rivale à elle… Vous doutez qu’il faille 370 pages pour venir à bout de cette intrigue cornélienne ? Nous sommes d’accord, ça aurait pu être « torché », si vous me passez l’expression, en 20 pages. Seulement, c’est compter sans l’amabilité de notre auteur qui est pleine d’attentions pour ses lecteurs. Elle ne souhaite pas les priver de la moindre nuitée de nos héros dont les ébats sont décrits avec la pudeur qui sied à une mère voulant expliquer à ses jeunes enfants « comment on fait les bébés ».

En résumé, vous l’aurez compris, je ne recommande pas ce roman sauf si votre niveau d’exigence en termes de romance n’excède pas la prose d’une Jude Deveraux et si votre envie de vous documenter sur la période via un roman historique est réduite à connaître les noms d’Harold et de Guillaume-le-Conquérant. Dans ce dernier cas, désolée, je viens de dévoiler tout le contenu historique du roman, oups !

NB : Aux petits malins qui me répliqueraient que la couverture seule aurait dû me mettre la puce à l’oreille, je réponds qu’il ne faut jamais se fier aux apparences d'un « J’ai Lu » car certaines couvertures niaises dissimulent souvent de très divertissants romans.
Gwen21
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le 11 nov. 2013

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