Le loup peint
7.4
Le loup peint

livre de Jacques Saussey (2016)

Jacques, oh Jacques ! Mais dans quel état tu me mets ? On n'a pas idée de créer une beauté aussi vénéneuse et de la lâcher entre les mains de ses lecteurs fragiles. Oui Jacques, c'est fragile un lecteur. Ça a un petit cœur et il n'en faudrait pas beaucoup pour le faire imploser.


Car frère Jacques, tu extirpes et révèles au monde entier le loup qui est en nous, le loup peint. Qui s'exprimera chez le lecteur de la même manière qu'il s'exprime dans ton casting masculin. Et hop, à chaque apparition de Sophie ta mante religieuse, le loup de Tex Avery surgit de nos entrailles et remplace nos façades respectables. Et alors à nous les yeux exorbités et la mâchoire pendante sur la table oubliant toute idée de retenue et hululant à la lune à chaque exhibition de la femme fatale. C'est toi qui es fatal Jacques…


Et ça commence dès la superbe couverture dont la louve aux lèvres peintes te promet mille supplices… Du coup, j'ai failli oublier de vous parler du reste du livre, le roman ne se résumant pas à Sophie. "C'est trop dommage", pleureront des cohortes d'hommes au cœur brisé...
Bon revenons-en à nos moutons, ou plutôt à nos loups et déclarons que ce bouquin est piégé et recouvert d'une glue dont on ne se décolle pas les mains. En les arrachant, on risque de garder des morceaux de papier plein les doigts. Ça sent le bon page-turner ! Et effectivement l’intrigue est tendue et haletante, l’auteur connaît son métier.


Jacques nous construit une intrigue touffue, mélangeant les dangers comme on mélange les couleurs d'une gouache, pour donner plus d'épaisseur au trait de son pinceau, ajouter du pigment et créer une œuvre multi-dimensionnelle qui à couper le souffle.


De plus, l’auteur nous fait perdre pied avec ses phrases de velours et ses mots de soie. Vous l’avez compris, l’écriture est belle, habile, lyrique.


Une des grandes forces de ce livre, ce sont indubitablement ses personnages. Ils sont à triple épaisseur et l'auteur les pèle comme une orange pour nous en faire découvrir une nouvelle couche au fur et à mesure qu'ils se dévoilent dans le livre. Impressionnant. D'ailleurs, on ne peut pas parler de personnage principal tant l'auteur change de point de vue de chapitre en chapitre. Terriblement excitant et cela offre une richesse et une perspective rarement vues dans le thriller. Un véritable jeu de piste pour savoir qui mène la danse ici.


D’ailleurs, vous ai-je parlé de Sophie, la Némésis de tout le casting masculin, la fossoyeuse du mâle dominant… ?


Une fois en main, ce livre sera donc dévoré à grandes dents. Bouchée après bouchée. Dommage que la tentation de céder à quelques facilités scénaristiques ne fasse redescendre la tension d’un cran mais ça ne pollue en rien le moment. Jacques Saussey est pétri de talent et rassasie notre vorace faim de loup !


Ahwouuuuuhhh !!! (si, si, c'est bien le cri du loup...)
http://cestcontagieux.com/2016/03/08/le-loup-peint-jacques-saussey-la-chronique-qui-hurle-a-la-lune/

David_Smadja
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le 8 mars 2016

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