"Des mots simples, des mots essentiels, qui vont du coeur au coeur"

Le roman commence directement dans l'action, sans crier gare, avec l'annonce de la mort certaine du personnage principal sans situer ni le lieu ni l'époque. D'abord un peu perturbé par le manque d'informations, l'épure du récit, nous privant de tout repère, permet au final une belle fable universelle sur l'amour bien entendu, mais plus largement sur l'humain (via le personnage du soldat). La construction de l'histoire est très réussie, ne se focalisant que sur cinq personnages. Le miroir entre le jeune et le vieux couple est très touchant, juste et simple.

Globalement, l'écriture d'Andrée Chedid est très belle. Légère, directe tout en restant élaborée, elle s'autorise quelques belles envolées, même si le tout se concentre tout de même sur la description des sentiments des personnages et l'avancement de l'action. Je retiens notamment un très beau passage, où elle détaille le type de mots qu'il faut à Marie avant de mourir et qui fait finalement directement écho au style d'écriture d'Andrée Chedid. Cette dizaine de lignes est tout simplement magnifique : "Des mots vrais, même s'ils mentent. Des mots forgés d'amour et de promesse, même s'ils simulent. Des mots réels et fictifs. Des mots pour vivre et pour rêver." Certains pourront trouver sûrement cette épure simpliste et ce traitement des sentiments humains un peu candide, alors qu'au contraire cette simplicité est la grande force du roman.

Toutefois, j'aurai presque aimé que le tout soit encore plus concentré, et qu'on ne s'attarde finalement que sur la romance des deux personnages principaux, évacuant notamment le soldat qui m'a presque paru de trop dans le récit. J'ai de fait été un peu moins passionné par ce personnage arrivant plus tardivement dans l'histoire. Et même s'il a bien entendu toute son utilité, il demeure malgré tout moins attachant que les deux couples.

Le message est finalement une très jolie lecture, (conseillée par quelqu'un qui m'est cher, et qui a sûrement joué sur mon appréciation du roman) qui a su ne garder que l'important, pour élaborer une histoire belle et universelle.