Un livre qui parle de livres; quand la littérature devient un terrain de jeux.

À Crozon, petite ville de Bretagne (dans le Finistère pour les plus voyageurs) se trouve une bibliothèque ayant la particularité de recueillir tous les manuscrits refusés par les maisons d'édition. Delphine Despero, éditrice et son conjoint auteur Frédéric Koskas y découvrent l'oeuvre d'un certain Henri Pick. Ce manuscrit, titré "Les dernières heures d'une histoire d'amour" apparaît à Delphine comme étant un chef d'oeuvre qu'il faut absolument publier. Toutefois cet écrit soulève de nombreuses questions : qui était vraiment Henri Pick, pizzaïolo de Crozon, décédé depuis deux ans? Comment a-t-il pu écrire une telle pépite sans que sa femme ni sa fille ne s'en rendent compte ? En effet, pour elles, Pick était un homme discret, certes passionné par sa pizzeria mais bourru, taiseux et de plus, ne lisant jamais. Vivait-il une double vie ? Cette aura mystérieuse autour du manuscrit va lui être bénéfique puisqu'il sera publié à titre posthume et connaîtra une incroyable renommée. Seulement ce nouveau succès va bouleverser considérablement la vie des proches de l'auteur disparu.

Le mystère Henri Pick est une lecture très accessible. Le style de Foenkinos est simple, fluide. Il ne fait pas d'excès de figures de style, ni de tournures de phrases alambiquées. Simplicité parfois un peu trop présente toutefois. J'ai notamment trouvé certains dialogues assez creux, fort heureusement toujours suffisamment courts pour ne pas devenirs ennuyants.

En revanche, j'ai apprécié le fait d'être plongée au fil de ma lecture dans tant de chemins de vies différents. En effet ce récit à tiroirs fait intervenir tour à tour, entre autres, la femme d'Henri Pick, sa fille, Delphine l'éditrice, son mari auteur, la bibliothécaire... Une valse de personnages tantôt drôles, tantôt touchants, conférant à l'oeuvre un certain dynamisme et une profonde humanité. Ce qui était d'apparence un roman léger acquiert à certains passages une dimension plus profonde, parfois poignante, axée sur les sentiments des divers protagonistes.

D'autre part, Foenkinos multiplie les références littéraires, les allusions à d'autres œuvres, d'autres auteurs, apportant ainsi à son récit une grande richesse culturelle et au lecteur de nombreuses clefs pour élargir ses connaissances littéraires si le coeur lui en dit.

Je ne m'attendais pas à cette fin. Pour être honnête en refermant le livre j'étais assez déstabilisée, j'ai eu l'impression d'avoir été manipulée. En même temps c'est pour ce genre d'émotions et de surprises que j'aime lire. Je trouve qu'un bon livre est celui qui parvient à bousculer le lecteur d'une façon ou d'une autre. A ce sens je considère * Le mystère Henri Pick* et notamment sa fin comme efficace puisque j'ai bel et bien été surprise et presque même, je pense pouvoir le dire, énervée. Énervée de cette fin qui n'était pas celle que j'attendais et surtout de n'avoir rien vu venir. Non vraiment, c'est pas toujours simple la vie de lectrice...

En somme, Le Mystère Henri Pick n’est pas le genre de livre qui change une vie et dont on se souvient pendant très longtemps. Toutefois l'écriture est bien menée, assurant une lecture agréable et divertissante qui a, de plus, le mérite de créer la surprise tant sur le fond que sur la forme.