Sébastien Japrisot nous a quittés le 6 mars 2003. Pour les plus jeunes, il est l'auteur d'« Un long dimanche de fiançailles », pour les autres, celui de « L'été meurtrier » et enfin, pour les plus âgés, celui de « Le passager de la pluie ». Certes, il est l'auteur de bien d'autres histoires et romans, mais ces trois-là ont donnés lieu à de remarquables adaptations cinématographiques.

De cinéma, il en est bien question ici, tant le style de Japrisot nous fait penser à un scenario plus qu'à un roman. Il faut bien reconnaître, qu'il le commit alors qu'il était dans une période où il n'écrivait que pour le cinéma. C'est ainsi que le style se ressent de ce présent utilisé tout du long. De même, les descriptions nous donnent cette sensation de « planté de décors ». La pluie omniprésente occupe l'espace vide et apporte une tension supplémentaire à ce texte.

L'action de ce « Passager de la pluie » se déroule sur la côte entre Toulon et Saint-Tropez, dans une de ces petites cités du littoral méditerranéen rendues au désert dès que les estivants s'en retournent à leurs pénates. Là, vivent Mellie et sa mère. Elles s'occupent d'un petit bowling et d'autres attractions à touristes. L'automne est déjà bien avancé. Tony, le mari macho et transalpin de Mellie, n'est pas présent quand l'autobus relâche, comme par miracle en cette hors-saison, un inconnu bien étrange.

En effet, l'homme observe, rôde. Mellie le croise au hasard jusqu'au soir même où il s'introduit dans sa maison et la viole. Dans la nuit, Mellie retrouve l'homme dans sa cave et le tue. Que faire du corps, si ce n'est le livrer à la mer ? La police retrouvera cependant le corps et l'enquête va suivre son cours. De son viol, de ce meurtre, elle n'en parlera à personne. Tout aurait pu continuer ainsi si Dobbs, l'américain, ne s'était pas invité dans sa vie. Ce n'est pas tant l'inconnu qui l'intéresse que le mystérieux sac rouge qu'il avait avec lui.

Quels secrets sont donc dissimulés dans ce sac ? Peut-être le hasard n'est-il pas pour grand-chose dans les drames qu'a vécu Mellie ? Son silence ne survivra peut-être pas aux révélations. Japrisot nous livre ici un remarquable roman sur le sentiment de culpabilité et sur les non-dits. Le silence est un refuge, un réconfort, mais parfois peut s'avérer une douleur lancinante qui vous ronge plus sûrement que l'aveu libératoire.

Malgré le style cinématographique, on ne peut se détacher de cette histoire jusqu'au dernier mot. Il n'est pas évident de suivre ce roman, mais il faut reconnaître qu'il n'était pas prévu de le faire paraître en tant que tel. C'est en 1992 que les éditions Denoël l'éditèrent, soit... 22 ans après la sortie du film de René Clément qui réunit le duo improbable de Marlène Jobert et Charles Bronson. On pardonnera volontiers le style car cette histoire est captivante sous la plume du conteur-né qu'était Sébastien Japrisot.
Bobkill
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le 28 nov. 2010

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