Le Souffle du puma par Ladythat

Argentine, 1999. Une équipe d’archéologues met en évidence trois corps momifiés et parfaitement conservés par le froid. Une adolescente et deux enfants, rebaptisés La Doncella, La Niña del Rayo et El Niño, ont été sacrifiés lors d’un rituel inca au sommet du deuxième plus haut volcan actif au monde. On les appelle Enfants du Llullaillaco.

Cinq cents ans plus tôt, Poma rejoint de force l’Acllahuasi, la Maison des Elues, située à Cuzco. Sa beauté l’a désigné pour faire partie des Vierges du Soleil. Son passage dans ce couvent sera bref. Avec son amie Quilla et deux jeunes enfants, Sumak et Takiri, ils ont été choisis pour le sacrifice qui doit sauver les Incas de l’épidémie qui décime les villages.

A notre époque, Astrid Blomberg, médecin légiste suédoise, rejoint le MAAM (Musée d’Archéologie de Haute Montagne) situé à Salta, en Argentine. Elle a été désignée par son maître et ami, le Professeur Nyström pour faire « parler les morts ». Surdouée dans sa discipline, ses méthodes sont peu ordinaires et elle a besoin de s’imprégner de l’histoire de « ses » morts pour mieux les cerner, les comprendre. Sa rencontre avec les Enfants de Llullaillaco sera un tournant majeur dans sa carrière et son existence.

En s’inspirant de l’histoire vraie de la découverte de ces trois momies et en s’appuyant sur la culture Inca, Laurine Roux, invente l’histoire de ces enfants et de leur parcours de mille-six cents kilomètres entre le ville de Cuzco, ancienne capitale inca au Pérou, et le sommet du volcan argentin qui culmine à 6739 mètres d’altitude. Une histoire emprunte de spiritisme, de magie inca qui questionne le rapport de l’homme aux croyances spirituelles. Tout au long de ce périple, on ne peut que se demander comment il est possible de sacrifier des enfants…

Si le sacrifice est considéré comme un passage d’une vie mortelle à une existence quasi divine, la force d’abnégation des mères devait être immense pour l’accepter. A moins que ce ne soit la peur qui les contraignait à laisser faire… L’étude des cheveux a permis de mettre en avant la consommation importante et régulière de coca (drogue) et de chicha (bière de maïs fermenté) au cours de la dernière année de vie des enfants, avec une augmentation nette dans les dernières semaines. On peut alors se demander si les enfants étaient conscients de ce qui les attendait et si cette consommation était choisie ou imposée pour les calmer.

Laurine Roux utilise l’alternance passé-présent pour faire avancer son récit, les découvertes scientifiques semblant trouver réponses dans le cheminement des enfants, et précipiter un peu plus rapidement le lecteur vers l’inéluctable. Cette forme narrative permet d’ancrer le récit dans la réalité, à laquelle la découverte archéologique appartient, tout en nous entrainant à la découverte d’une culture ancestrale forte de ses croyances. J’ai cependant trouvé la romance d’Astrid malvenue et hors propos, malgré le parallèle avec l’histoire de Poma. Sans doute aussi parce que j’aimais comment elle nous était présenté, différente, presque inadaptée… mais tellement sensible à l’autre.

Le souffle du Puma est un récit fort et hyper intéressant parce qu’il s’inspire de la réalité et met en avant un rite spirituel dont les victimes étaient des enfants. Porté par une héroïne au caractère fort, il livre un magnifique message sur le besoin, le désir de liberté. Il est cependant un peu court et aurait mérité quelques chapitres de plus pour, peut-être étoffer un peu plus les enfants, les rendre plus proches de nous en leur donnant plus de matière. Enfin je chipote, j’ai passé un très bon moment et je sais qu’il fera parti de mes chouchous du Prix Vendredi. J’ai commencé la lecture en ne sachant que très peu des Incas, j’en ressors nourrie d'un peu plus de connaissances.