Un honnête 50 km/h.

Je poursuis ma lecture de la saga du Sorceleur, gentiment.
Il faut y aller mollo avec cette saga, parce qu'elle souffre d'énormément de défauts, mais aussi de qualités indéniables. Pour ne pas se gâcher le spectacle et tomber dans un gavage répugnant, mieux vaut prendre son temps. Je n'aurai pas énormément de choses à dire sur ce tome, mais donnons le gros du ressenti...

On s'ennuie malheureusement beaucoup dans la première partie du roman. Suivre Ciri n'est décidément pas aussi marrant que Geralt, et c'est interminable. Cela permet à Sapkowski de déployer ainsi la toile géopolitique qui s'apprête à sous-tendre la suite des évènements, mais cela ne suffit définitivement pas à exciter le lecteur. Il n'y a pas que du mauvais, heureusement, et on sourira des facéties de la jeune fille au discours du Yennefer mais aux manières de sorceleuse.
Cette fameuse "géopolitique", si elle complexifie de façon bienvenue l'histoire un peu lisse de Geralt et Ciri, reste tout de même très floue. On peut toujours souligner, comme dans les tomes précédents, un défaut de repères temporo-spatiaux qui, lorsque l'on n'a pas joué aux jeux, est assez dommageable.

La convention des magiciens vient changer sacrément la donne: on assiste enfin à de l'action, et pas des moindres. L'intérêt du lecteur est de nouveau piquée, et l'enchaînement des évènements nous conduira sans encombre à la fin de ce tome. Et le pari est assez réussi, puisqu'on veut effectivement connaitre la suite...
On peut également se réjouir du retour du couple dysfonctionnel au possible "Geralt/Yennefer", qui prête à sourire constamment, ou encore de Jaskier qui est pour le coup un très bon personnage secondaire. Geralt reste quant à lui bien brossé, cohérent avec les tomes précédents, et on peut se le souffler: il tient une grande partie de la saga sur ses seules épaules.

Bref, "Le temps du mépris" est un roman assez déséquilibré, difficilement concevable en-dehors de la saga qu'il intègre. L'intrigue reste d'envergure modeste mais parvient à convaincre le lecteur peu demandeur qui finira d'adhérer à Sapkowski pour le beau personnage de Geralt.