Si vous voulez goûter au chaos, le livre de Brunner vous y entrainera inexorablement.
Les deux parties indissociables de la fresque nous racontent dans un style loin de la monoforme du roman, une longue et douloureuse année au coeur d'un monde qui s'auto-détruit...
L'action se déroule principalement dans les Etats-Unis, impérial pays pollueur et pollué, où les nombreux personnages vont interagir dans une spirale apocalyptique...
J'étais troublé au départ par les nombreuses entrées dans le roman, trop impatient de suivre les personnages présentés, mais la logique de la narration de Brunner m'a vite rattrapé, je suis encore sous le choc. John Brunner a écrit ce livre en 1972, soit il y a quarante ans déjà...! Et merde !
C'est déprimant et révoltant de lire ce livre aujourd'hui en regardant l'état de notre planète...
"Arrêtez ! Vous nous faites mourir..."
J'étais vraiment retourné en finissant le livre, car l'auteur y décrit sans tabous la déchéance des humains. Cupidité et stupidité face à la nature... Une majorité en souffrance pour satisfaire les intérêts de quelques uns...et pour y arriver tous les moyens sont bons...
Ce n'est pas un livre sur l'écologie, détrompez-vous, c'est une histoire des hommes, c'est notre putain d'histoire ! Nous, le troupeau, les moutons d'une société malade...
Quelle est la limite du supportable? ou la limite de l'insupportable?
Nous n'avons toujours pas répondu aux questions posées par le livre, malheureusement.
Je crois avoir trouvé enfin avec Brunner une littérature contemporaine à transmettre sans honte aux générations futures, tels Spinrad, Farmer, K. Dick ou même Herbert, ces écrivains entrouvrent tant bien que mal nos paupières alourdies par le sel de nos égoïsmes.
J'avais découvert cet auteur avec plaisir en lisant "la ville est un échiquier" une forme originale de narration autour de problématiques sociopolitiques, mais je désire forcément connaitre ses autres romans d'anticipation comme "Tous à Zanzibar" (prix Hugo 1969), à suivre donc, à lire d'urgence...
Je recommande les couvertures des deux volumes dessinés par Caza (dans les premières éditions J'ai Lu) ce sont d'excellentes illustrations, non sans rappeler mon avatar des "années fléaux"...et elles ont forcément joué sur ma motivation de lecture.
Pour conclure, je n'ai pas pu mettre un note supérieure étant donné mon état post-lecture, insomnies post-apocalyptiques... mais je vous conseille de découvrir au moins l'auteur prolifique qu'est John Brunner et comme dirait Austin Train ou John Lennon plutôt :
"...Imagine no possesions, I wonder if you can,
No need for greed or hunger, a brotherhood of man...
Imagine all the people sharing all the world...
You may say I'm a dreamer but I'm not the only one..."
Dream is over?