L'idée de départ est plutôt excellente : une dénonciation du système carcéral par la voix de Darrell Standing, professeur en agronomie condamné à perpétuité, puis finalement à mort, et qui trompe l'ennui due à son incarcération en étant capable de revivre ses multiples vies antérieures (Ex : Préhistoire, Rome antique, conquête de l'Ouest). De cette façon, l'ouvrage permet également de découvrir des fragments d'histoire oubliés (Ex : le massacre de Mountain Meadows).
L'ensemble n'est pourtant pas convaincant : Jack London lui-même semble ne pas croire aux réincarnations, tout en utilisant moult emphases et redites (en particulier lorsqu'il s'adresse directement au lecteur) pour nous prouver le contraire. Cela aboutit à un mélange peu heureux entre un roman purement imaginaire et un style biographique.
À cela s'ajoute une litanie de vies antérieures trop succinctement évoquées, garnies de personnages majoritairement simplistes et peu attachants, à quelques exceptions près (Ex : Ragnar Lodbrog, légionnaire sous la Rome antique ; Jesse, jeune garçon durant la conquête de l'Ouest). Cela donne un goût d'inachevé à un roman sans doute trop court, et par ailleurs pas avare en raccourcis (Ex : comment parvient-il à se procurer des aiguilles dans sa cellule, comment sait-il que les réincarnations se poursuivent jusqu'à ce que l'esprit "atteigne la lumière" ?).
L'ouvrage se conclut d'ailleurs de même : d'abord par un véritable enchevêtrement de personnages des premiers âges, qu'on peine d'ailleurs à distinguer les uns des autres (Ex : fils de la Montagne, fils du Riz), bien que cela soit peut-être volontaire, puis par la pendaison du narrateur, pressé de se réincarner de nouveau.