Un des livres de ma jeune adolescence

J'étais en 6ème lorsque j'ai lu pour la première fois l'oeuvre de Sepulveda. Je me souviens que tout m'avait paru somptueux, voire effrayant lorsque je lisais seul dans ma chambre. Il y a quelques mois encore, je ne me souvenais absolument plus du titre de ce roman, puis, me promenant avec ma petite amie, nous sommes allés dans une librairie Harmonia Mundi & sommes tombés dessus : sans hésiter, j'ai acheté ce livre, en le lui conseillant, puis je lui ai prêté. Je me suis tardé qu'elle le finisse afin que je puisse le lire à nouveau. & quel bonheur !

Ce bouquin est court, accessible à tous, & peut paraître assez infantile dans la narration (& pourtant, quelle vulgarité dans les propos !) : mais le fait est que la lecture se fait différente selon l'âge. Lorsque j'étais encore adolescent, il m'avait surpris par sa splendeur & sa description de l'Amazonie, par l'effrayant suspens de la chasse à l'ocelot, mais de nos jours, j'étais plus centré sur la richesse du vocabulaire, des descriptions, & la beauté de la narration. J'ai été subjugué par l'habileté de Sepulveda, qui fait un parcours sans faute dans l'intrigue. Tout se tient, on lit l'histoire d'une traite, les retours en arrière sont intelligemment placés dans le texte, on ne se perd pas, on aime le charisme des personnages, on peut même se surprendre la larme à l'oeil. Tout y est culturel, on apprend, on aime regarder la beauté de la Nature à travers les mots, on aime haïr chacun des protagonistes. & on peut sentir les odeurs du café, du cadavre putréfié, on peut ressentir les pincements sentimentaux que ressent le vieux en lisant ses romans d'amour.

Bref, un bijou. Un de ces rares bouquins de ma jeunesse qui sache encore me passionner aujourd'hui. Seul reproche : c'est trop court, & on désirerait beaucoup plus de détails croustillants sur la vie du vieux.