L'écroulement d'un monde n'avait rien réussi à détruire

Juste après avoir fini Amok, très légèrement déçu par ma lecture, il fallait que j’enchaine avec une dernière nouvelle de Zweig, avant de passer à autre chose. Trouvé pour 50 centimes à Emmaüs il y a quelques temps, je prends deux petites heures avant de dormir pour lire d’une traite cette courte nouvelle. Et quelle surprise, une histoire de passion avec une forme de récit dans le récit ! Blague à part, je suis passé par plusieurs émotions au fur et à mesure de ma lecture.


Effectivement, tout comme la très grande majorité des écrits de Zweig, le postulat de départ est souvent le même : un personnage qui raconte l’histoire de sa passion. Après la passion homosexuelle, celle avec une personne en fauteuil, celle avec une inconnue, Zweig s’attaque ici à la passion émoussée. Un amour qui se transforme d’abord en une amitié, puis qui s’oublie, et enfin qui tente de renaître mais ne reviendra finalement jamais. Le temps, la guerre, le chaos ont finalement eu raison de cette passion pourtant si prometteuse. Triste aveu d'échec, là où les précédentes passions décrites par Zweig, finissaient souvent mal mais ne se subissaient peut-être pas à ce point le contexte extérieur.


Si le style est toujours aussi aérien, fluide, élégant, j’ai bien cru que Zweig allait tomber dans la niaiserie vers la fin du roman. Mais c’était sans compter cette froideur finale brutale entre d’une part ce défilé nazi annonçant de nouvelles heures sombres, et cette veine tentative des deux héros de faire renaître leurs sentiments.


Encore une fois, la fin est également assez réussie, avec cette citation de Verlaine, et cette délicate ouverture. Pas le meilleur Zweig au niveau de son écriture (même si ça reste du haut niveau), j’avoue avoir été assez conquis par la noirceur finale, entre violente répétition de l’Histoire et sentiments amoureux abimés par le temps.

Hunkydorus
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le 17 avr. 2024

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