Cette nouvelle qui commence par le fin interroge le lecteur sur l'amour et le temps. A la gare de Francfort, Louis retrouve la femme qu'il aime ; il ne l'a pas revue depuis plus de neuf ans, et ensemble, ils se rendent par l'express du soir à Heidelberg, en souvenir d'une promesse qu'ils s'étaient faite avant de se quitter. Mais tant de choses ont changé...
A 23 ans, Louis avait été élevé dans la pauvreté. Docteur en chimie et très ambitieux, il était devenu secrétaire particulier du Conseiller G., directeur de la grande usine de Francfort, emménageant dans sa luxueuse villa. Il y avait rencontré sa femme, douce sereine et apaisante qui avait su le mettre à l'aise. Discrète, attentionnée et prévenante, il l'avait aimée dès leur première rencontre.
Le Conseiller, conscient de son ambition et de ses potentialités, lui avait proposé une mission au Mexique et l'assurance de trouver à son retour un poste de direction dans l'entreprise. Accepter cet emploi signifiait aussi quitter cette maison et la quitter, elle dont il était fou amoureux. A l'annonce de son départ, ils étaient tombés dans les bras l'un de l'autre et elle avait promis de se donner à lui à son retour. Au Mexique, il s'était étourdi de travail et lui avait écrit chaque jour à une adresse convenue. Il connaissait ses lettres par cœur et organisait, en son honneur, des réjouissances dans l'entreprise. A la date prévue de son retour, il avait appris que l'Europe était en guerre. Il lui avait été impossible de rentrer. Sans nouvelle d'elle, il avait épousé la fille d'un négociant allemand. A la fin de la guerre et après la mort de son mari, il s'était rendu chez elle, lui demandant si elle se souvenait de sa promesse et lui avait proposé de prendre le train pour Heidelberg. Fuyant la chambre d’hôtel hideuse qui rendent décevantes ces retrouvailles tant désirées, ils sortent prendre l'air telles deux ombres cherchant leur passé.


Parue en 1929, cette nouvelle est restée inédite en France jusqu'en 2008. Stefan Zweig manie dans cette nouvelle l'art de la description avec toujours autant de génie. C'est un bonheur de le lire. Les phrases sont magnifiques et l'intrigue subtile. Les personnages sont touchants. Elle, est d'une grande douceur, d'une grande féminité. Louis, fier, énergique et ambitieux est aussi débordé par son sentiment amoureux dont il ne peut faire le deuil avec l'âge.

pragmatisme
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le 29 déc. 2015

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