Les Belles
7.3
Les Belles

livre de Dhonielle Clayton (2018)

Avec Les Belles, Dhonielle Clayton nous entraîne au cœur d'un univers noir et obsédant

Avec Les Belles, Dhonielle Clayton nous entraîne au cœur d'un univers noir et obsédant où rien ni personne n'est vraiment ce qu'il laisse paraître. À une époque où l'illusoire est plus alléchant et fascinant que la réalité, ce roman laisse entrapercevoir quelques réflexions plutôt intéressantes sur la beauté et les faux-semblants qui doivent prendre le pas sur le tangible. Si j'ai énormément apprécié cet aspect de l'intrigue, son rythme ultra entêtant et son atmosphère à la fois mystérieuse et interpellante, il m'a manqué un degré supérieur d'intensité pour totalement me prendre au jeu. En effet, même si Camélia est une héroïne forte et combative, je l'ai trouvé assez têtue et parfois trop aveugle pour m'attacher à elle au maximum. J'ai trouvé certains des protagonistes qui gravitent autour d'elle bien plus expressifs, crédibles et fouillés qu'elle et, partant de là, je me dis qu'il y a quelque chose qui cloche. Fort heureusement, les rebondissements qui peuplent cette histoire permettent de lui conférer une force certaine qui me laisse avide de connaître la suite des aventures des Belles.


Dès les premières pages, je me suis senti embarqué dans un univers ultra coloré, ultra excitant et ultra novateur. Les mots de l'auteure possèdent véritablement "le truc" qui nous permet de visualiser, autant que faire se peut, le monde qu'elle projetait en couchant ses pensées à l'écrit. Le monde d'Orléans est absolument fascinant, regorge de secrets et déborde d'un attrait qui émane pratiquement du livre. J'avais vraiment envie de m'enfoncer, aux côtés de Camélia, au cœur de ces rues, ces paysages et ces pièces magnifiques qui s'articulaient petit à petit derrière mes rétines. La plume de Dhonielle Clayton est hyper satisfaisante et parfaitement maîtrisée. Les descriptions ne manquent de rien et ne tombent pas dans le surplus inutile. On croit, sans aucune peine, à tout ce qu'elle nous expose et c'est un véritable ravissement.


Derrière ce lieu fait d'opulence et de luxe se cachent de terribles mystères qui, lorsqu'ils nous sont exposés, s'avèrent être d'énormes révélations. Tout au long de notre lecture, on sent bien qu'il y a un malaise qui s'amuse à nous étreindre de plus en plus sans jamais se dévoiler totalement. J'ai tellement aimé cet élément-clé du récit. Le climat est envoutant tout en étant, de façon sous-jacente, anxiogène au possible, presque inquiétant. Si Camélia met plus de temps que le lecteur à le comprendre, on saisit pourtant qu'il y a quelque chose de malsain qui est tapi et rôde derrière la beauté illusoire et omniprésente.


C'est d'ailleurs pour cela, comme dit précédemment, que j'ai eu du mal à me connecter à son personnage et à croire en certaines de ses émotions. Certes, Camélia est une badass, une héroïne au caractère bien tranché qui sait ce qu'elle veut et qyu est prête à tout pour les personnes auxquelles elle tient. C'est un aspect indéniable de sa personnalité qui m'a touché et qui, je l'espère, sera approfondi et encore amélioré dans la suite de la saga. Néanmoins, alors que certaines réponses sont presque littéralement sous ses yeux, elle s'enfonce, parfois, dans une spirale de questionnements inutiles ou superficiels qui m'a assez frustré. Sa sensibilité, qu'elle utilise majoritairement à bon escient, tend malheureusement vers l'aveuglement et elle se laisse alors dissiper trop facilement. Le cœur prenant le pas sur la raison, certaines de ses réactions m'ont déplu ou m'ont semblé de trop. Cependant, à l'approche des derniers chapitres, elle semble être plus réfléchie et mature et j'espère qu'elle conservera cette personnalité bien plus intéressante et supportable à l'avenir.


La myriade de personnages secondaires qui habite et enflamme ce récit m'a, à l'inverse, complètement conquis. J'ai adoré découvrir les histoires des autres Belles et la mythologie qui les entoure. Le mini triangle amoureux qui voit le jour est assez en retrait et n'opacifie pas du tout le reste du récit, chose que je redoutais fortement étant donné que Les Belles est bien plus qu'une simple histoire d'amour. Toutes les femmes du roman font de cette histoire une véritable ode à la cohésion féminine afin de créer un changement durable et de faire naître, par l'entraide, des révolutions bouleversantes. Forcément, un univers dans lequel les hommes sont quasiment impuissants, c'est un adroit et piquant clin d’œil à la société actuelle qui m'a irrémédiablement charmé. Les anti-héros, telle que la princesse Sophia, ne tombent jamais dans le ridicule ou l'exagération. Au contraire, même, au fil du récit, on se surprend à les détester de plus en plus et à adorer ça. Dhonielle Clayton est parvenue à mettre en place des personnages solides et à tisser des liens hyper tordus, entremêlés et surprenants entre eux avec beaucoup d'intelligence et de finesse. En effet, alors que tous les éléments se regroupent et recoupent lors des ultimes chapitres, les masques tombent et les véritables natures des héros se révèlent. Dès lors, un véritable flot de retournements de situation inattendus s'abat sur nous et il ne nous reste qu'une chose en tête après avoir atteint la dernière phrase du récit : mettre la main sur la suite immédiatement car l'attente pour le deuxième volet de la saga va être insupportable.


En résumé, Les Belles est véritablement doté d'une ambiance grisante de par sa volupté obsédante et ses ténèbres invisibles. Camélia est une héroïne forte et pleine de bonnes attentions qui, en se perdant quelques fois, peut rapidement devenir agaçante. Je souhaite juste retrouver la Camélia de la fin du premier tome plutôt que celle du début dans le second opus. Les rebondissements qui s'enchaînent permettent au récit de nous garder en haleine et chaque réponse à nos questions est très justement distillée. On veut constamment en savoir davantage tout en étant conscients que le prochain secret va venir nous abasourdir un peu plus. Les Belles est également un miroir lugubre et terriblement révélateur de la société actuelle. En soulignant quelques traits du monde qui est aujourd'hui le nôtre, Dhonielle Clayton parvient à dénoncer avec pragmatisme et exactitude les travers d'une structure sociale sans cesse à la recherche d'une perfection inatteignable. Une lecture ultra moderne et embrasée qui, malgré son personnage principal imparfait (ironie du sort !), est à découvrir.


https://motsdejo.wordpress.com/2018/04/09/les-belles-t-1-les-belles-dhonielle-clayton/

Jordan__
7
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le 9 avr. 2018

Critique lue 124 fois

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