Sentarô cuisine chaque jour, sans passion, des dorayaki qu'il vend dans son échoppe. Un jour, une mystérieuse vieille femme, Tokue, vient lui proposer son aide. Elle lui enseigne les secrets de la réalisation de la pâte de haricot rouge, le an. Grâce à elle, la clientèle se fait de plus en plus nombreuse. Mais, avec ses doigts déformés, Tokue inquiète les clients. Elle cache un grand secret. Elle fini par disparaître en laissant Sentarô chercher le sens de tout ses mystères.


Le début du livre est une plongée dans la cuisine de Sentarô. Les descriptions des gestes, des odeurs et des saveurs sont très précises. On en vient à sentir des effluves sucrées à la seule lecture des mots. Les rapports des deux personnages, leurs maigres échanges, nous informent sur leur personnalité.


Très vite on comprend qu'ils sont tous deux en marge de la vie. Désillusionnés, brisés, ils choisissent de se taire plutôt que de se placer en victime. Leur silence en dit long sur eux. Ces personnages sont profondément seuls et tentent de s'en accommoder, non sans mal. Le binôme est rejoint pas une lycéenne très solitaire également, Wakana. Unis autour du mystère de Tokue et de l'injustice qu'elle subit, ils tentent chacun à leur manière de trouver un nouvel élan dans cette vie si morne.


Si on se doute que le roman finira bien et que les personnages finiront par redonner un sens à leur vie, le roman n'est pas linéaire. Le fin ne répare pas toutes les injustices et les personnages effectuent des mauvais choix, ou sombrent à nouveau dans leurs démons. On voit aussi leur souffrance engendrée par le rejet et la peur. Le roman dénonce en creux les injustices faites à ceux qui sont mis en marge de la société par peur ou par ignorance.


C'est un joli roman emprunt de sensibilité et de gourmandise. L'écriture est relativement simple mais offre un bon moment de lecture.

Anaïs_Alexandre
7

Créée

le 7 oct. 2017

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