Trente trois ans à être ou joueur Monsieru le Professeur

Pas facile en ces jours sombres de deuil et de colère de publier quelques mots sur le professeur Mittelmann. Mais voilà, malheureusement ou heureusement, ainsi va la vie.


L'instruction, l'éducation sont des vecteurs de lutte contre l'obscurantisme, les despotisme, de découvertes de l'autre et une grande ouverture sur le monde, l'ailleurs.


A regarder la couverture et son vert triste, couleur tableau, avec des traces d’effaceur , je retrouve le souvenir olfactif, mélange de poussière et de craie des chiffons et autre tampons effaceurs.


5h45, le réveil sonne !! « Trente-trois années durant, deux, trois, quatre fois par semaine, il lui avait fallu se lever à 5h45. Trente-trois années durant lesquelles il avait grogner bordel en cherchant à éteindre cette satanée sonnerie. » Le professeur est, depuis peu, à la retraite, cette rentrée se fera sans lui, oui, mais, bordel, l’horloge interne marque… 5h45 et… debout feignant. Oui, « la vie se foutait de la gueule du monde », enfin de la sienne…. Parce que, perso, mon horloge biologie me fout une paix royale.


Revenons à ce cher professeur Mittelmann. Bon, la photo, comme sur les sites de rencontre, n’est pas récente. En effet, il est atteint de canitie alors que, aucune trace de poils blancs sur la couverture…. C’est bien les mecs, tiens !!! « Définitivement, l’âge allait mieux aux hommes qu’aux femmes », bon, j’rigole, mais, des abdos mous, ne font pas une belle silhouette… J’dis ça, mais j’dis rien !! Pardon professeur, excusez ces propos cavaliers en mauvais français, votre écriture est d’une toute autre nature.


L’agrégation en poche, l’enseignement n’est décidément pas votre tasse de thé et vous partez pour un doctorat « La Dislocation du sujet dans l’œuvre d’Herman Melville ». Oui, mais….Vous vous rêvez écrivain. Le prix Goncourt couronnerait votre premier roman, à vous Apostrophes et Le Grand Échiquier... les mots en ont décidé autrement. Ils se refusent à vous. L’amour vous arrive sous les traits de Perrine et s’en est définitivement terminé, vous serez prof de philo. Soit disant que c’est un métier que l’on pratique par vocation, mais vous, non.


Je ne note aucun enthousiasme, même dans votre couple, tiède est votre univers.


A lire les mots de Bonnargent, je vous pense bon prof. Bien faire est dans votre nature comme ne pas se faire remarquer. Pas comme Didier, ce chef d’entreprise bellâtre et gominé qui, de surcroît, vous pique votre épouse.


« Son drame était celui de la médiocrité : assez intelligent pour se rendre compte qu’il ne l’était pas assez, qu’il n’avait pas le talent dont il avait rêvé, et qu’il était passé à côté de sa vie. » Bon, n’est-ce pas le cas de beaucoup d’entre nous ?


Dans les pages grisées du bouquin, j’ai noté l’évolution des élèves et donc de vos cours. Ce sont des passages très intéressants. J’aime votre façon d’engager le dialogue avec vos élèves, sans être dupes de leurs lacunes, d’essayer de les faire pensez par eux-mêmes, de réfléchir de ne pas tout prendre pour argent comptant. Vous vous moquez avec tendresse de leurs bizarreries.


Cher professeur, la lassitude est là, le désenchantement suit, les désillusions présentes, mais vous avancez et essayez de ne pas devenir le con de réac comme certains de vos collègues. Ah ! La salle des profs. D’ailleurs, j’ai eu l’impression d’entendre mes amis enseignants lorsqu’ils se retrouvent à plusieurs autour d’une table !


« Après tout, maugréer après la modernité avait toujours été le propre de la vieillesse. C'était cela aussi vieillir : devenir peu à peu étranger au monde. Peut-être finirait-il par voter à droite. » A vous de voir où vous vous situez sur le graphique vieillesse-opinions politiques, moi, je sais !! Et puis, vieillir a quelques avantages.


Eric Bonnargent égratigne le monde de l’enseignement qu’il connaît parfaitement. Les enseignants qui ont la passion ou pour le moins l’envie de faire du mieux possible, essaient de combler les lacunes de l’administration et de leurs élèves, de faire entrer l’humanité qui devrait être le pilier de notre vie.


J’ai aimé l’écriture cyniquement drôle, l’humour grinçant. Les discussions savoureusement avinées ou pas avec son éditeur genre « bouddha ventripotent », Marc Villemain, tournent à la philosophie. De toute façon, chez vous professeur, tout est philosophie


« Je n'ai aucune aptitude au bonheur mais je ne crois pas être malheureux pour autant. » Une belle conclusion pour un livre très humain avec le cynisme qui lui va si bien.


Une lecture plus qu’agréable à plusieurs directions. Cher Mittelmann, je vous souhaite tout le bonheur du monde à l’aurore d’une nouvelle vie avec un changement radical.

zazy
9
Écrit par

Créée

le 28 déc. 2023

Critique lue 14 fois

zazy

Écrit par

Critique lue 14 fois

D'autres avis sur Les désarrois du professeur Mittelmann

Les désarrois du professeur Mittelmann
zazy
9

Trente trois ans à être ou joueur Monsieru le Professeur

Pas facile en ces jours sombres de deuil et de colère de publier quelques mots sur le professeur Mittelmann. Mais voilà, malheureusement ou heureusement, ainsi va la vie.L'instruction, l'éducation...

Par

le 28 déc. 2023

Du même critique

Surtensions
zazy
9

Un polar comme je les aime

Je découvre le capitaine Victor Coste alors qu’il a déjà sévi dans plusieurs bouquins, mais cela n’a aucune importance pour la compréhension de l’histoire. Nous voici de suite dans le bain carcéral,...

Par

le 14 oct. 2016

2 j'aime

1

Le Tabac Tresniek
zazy
7

L'Autrioche à l'arrivée d'Hitler vue par un jeune naïf

============= Suite à la mort de l’amant de sa mère et donc, des subsides, Franz Huchel débarque à la capitale, Vienne, pour aider Monsieur Tresniek, vieil ami de sa mère qui possède un bureau de...

Par

le 14 oct. 2016

2 j'aime

L'homme qui a vu l'homme
zazy
9

Incommunication au Pays-Basque

Dès la première page, je suis dans le bain, plutôt dans la Mégane ou la Corsa. Le livre démarre sur les chapeaux de roues ; « les pneus qui crissent sur le bitume gelé. » Tout au long de cette...

Par

le 29 nov. 2015

2 j'aime