Mon premier livre de Schmitt, m'ayant ainsi fait découvrir l'auteur (les initiés me blâmeront sans retenir leurs coups, peut-être auront-ils raison), dont la lecture s'étala, bien malgré moi, sur près de trois ans.


A l'hiver 2016, au cours d'une période difficile qui se solda par la perte d'un grand-père m'étant très cher, je me contente de lire la nouvelle portant le nom du recueil. Sans vraiment savoir pourquoi, et par le concours de circonstances coïncidentes, j'égare le livre juste après avoir achevé ma première lecture. Retrouvant récemment l'ouvrage, ce n'est qu'hier soir que j'atteins enfin le bout du livre, les quatre autres nouvelles lues. J'observe, au passage, que mon regard de lecteur a évolué depuis 2016. Sans doute n'aurais-je pas eu le même ressenti il y a trois ans.


Eric-Emmanuel Schmitt nous propose ici différentes formes de l'Amour, triomphant comme le sentiment le plus puissant, le plus noble, le plus exaltant, le plus beau et le plus important qui nous soit donné de connaître. L'amour pour un autre humain, pour un animal, pour un partenaire interdit, pour un fantôme, pour un enfant, pour un inconnu qui, pourtant, en vient presque à partager notre vie. Les trames sont d'une délicieuse originalité, les dénouements imprévisibles. Schmitt pourrait aisément écrire des romans policiers, tant sa maîtrise du suspens, combinée à son goût pour renverser, au dernier instant, la situation, s'exprime superbement au fil des lignes.


Ces lignes nous interrogent directement sur notre rapport à l'amour, plus précisément au rapport de l'être humain à l'amour. Qu'est-donc véritablement ce sentiment ? Est-il vraiment pur et sincère, lorsque nous nous bornons à respecter les étriquées conventions de bienséance sociales, rarement en accord avec notre équilibre personnel ? Se limite-t-il seulement à l'humain, à un sexe bien définit ? N'est-il donc pas lié, intrinsèquement, à son contraire direct, la haine ? Les deux pourraient-ils exister, l'un sans l'autre ? Avons-nous réellement conscience de l'amour, tant qu'il nous est possible de l'éprouver ? Ne prenons-nous conscience de l'amour qu'une fois que nous en sommes privés ? Aimons-nous les autres pour ce qu'ils sont effectivement, ou pour autre chose ?
Les réponses à ces questions se trouvent dans ce livre.


Un recueil très agréable, dépaysan, que je regrette de ne pas avoir trouvé plus tôt. Il eu également l'effet de me faire découvrir un auteur unanimement reconnu et apprécié par chez nous, semble-t-il aussi dans le monde entier. Ainsi, La Part de l'Autre, La Nuit de Feu, Oscar et la Dame Rose, Journal d'un Amour Perdu sont inscrits sur ma liste des prochains livres à lire de ce dramaturge accompli. Et dire qu'il souhaitait s'arracher à la vie, dans son adolescence...


Il convient également de préciser qu'Eric-Emmanuel Schmitt est un normalien agrégé de philosophie. Ainsi, à travers ses histoires, ne relevant pas entièrement que de la simple fiction, Schmitt nous transmet des références bibliques, philosophiques et artistiques dont la connaissance et, plus encore, la maîtrise, nous prendraient en réalité des années d'études. Là est tout le talent de l'écrivain.


Pour ceux doués de sensibilité, préférant les lectures "évasives" à celles nécessitant, en permanence, un dictionnaire et un ouvrage de la collection Les Nuls pour effleurer l'espoir d'en comprendre le contenu, foncez sur Schmitt. Cet homme remporte le pari d'écrire au plus grand nombre des histoires qui interrogent les esprits les plus avisés, et remuent les vérités les plus profondes de la condition humaine. Malraux n'aurait pas mieux dit.


J'ai comme une envie de théâtre, moi !

_Bisou-Culte-97_
8

Créée

le 12 sept. 2019

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