Papa ! Elle a cinq ans !
Noam officie comme médecin de la famille impériale romaine avant d’être le témoin médusé de l’émergence fulgurante du christianisme.
Je hais les hommes. Ils ont déserté l’idéal
Une Recherche Colossale, Jamais Alourdie
Il faut reconnaître au manuscrit une architecture documentaire d’une ampleur titanomachique, tant le travail de recherche apparaît colossal sans jamais sombrer dans la pesanteur érudite. L’auteur parvient à immerger le lecteur, avec une aisance étonnamment fluide, dans les croyances celtiques nourries de druidisme, tout en dévoilant, avec minutie, les luttes politiques qui enfièvrent Rome à l’époque de Spartacus et d’Auguste. Cette fresque se déploie encore jusqu’à Jérusalem, où se profile l’émergence hésitante du christianisme, décrite avec une sobriété inspirée.
Ce qui vit meurt, mais ce qui meurt a vécu
Une Plume d’Enchanteur Mesuré
La plume d’Éric-Emmanuel Schmitt constitue un véritable enchantement, au sens le plus noble et le moins tapageur du terme. Elle se distingue par une élégance rare, une précision incisive, une musicalité envoûtante et une richesse lexicale qui confère au texte une profondeur délicatement enluminée. On y sent une maîtrise patiente, une volonté d’offrir au lecteur un langage élevé sans jamais verser dans l’emphase gratuite.
Si c’est impossible, faisons-le !
Une Opposition Symbolique aux Résonances Contemporaines
L’ouvrage érige une opposition théogonique entre le royaume terrestre, voué à la puissance et à la domination — écho à nos sociétés contemporaines saturées d’ambitions matérialisées — et le royaume céleste, où prévalent fraternité et foi, invitant chacun à sonder ses propres valeurs. Cette dialectique, loin d’être plaquée, irrigue le récit avec une constance réfléchie et offre à l’ensemble une portée discrètement méditative.
Le conquérant des Gaules avait peut-être soumis les peuples, mais pas son miroir !
Quelques Brumes dans la Clarté
Je dois toutefois avouer m’être quelque peu égaré dans les liens familiaux de la smala impériale romaine, tant l’enchevêtrement des filiations peut adopter des allures arachnéennes. Cette prolifération de personnages au sein de la cour impériale, malgré la rigueur de la narration, m’a parfois éloigné fugitivement du fil principal.
Par ailleurs, les chapitres intitulés Intermezzo, d’une concision extrême, se révèlent d’autant plus frustrants que leur contenu s’avère particulièrement intrigant : l’on souhaiterait y demeurer plus longuement, tant ils ouvrent des perspectives lumineuses que le récit se hâte pourtant de laisser ouvertes.
Ne me dis pas que tu as drogué la petite une seconde fois ?
Conclusion : Une Fresque Majestueuse et Exigeante
Sans recourir à l’enthousiasme tonitruant, je puis affirmer que Les Deux royaumes s’impose comme une œuvre majestueuse, superbement écrite, solidement documentée et délicatement méditative. Malgré quelques errements liés aux méandres familiaux de la Rome impériale et la brièveté déroutante des Intermezzo, le roman demeure une lecture de haute tenue, admirable dans sa structure et admirablement portée par une plume qui conjugue finesse, érudition et beauté.