Les gens heureux lisent et boivent du café, j'en avais entendu parler un peu partout autour de moi. On m'en avait dit des merveilles, et il faut dire que j'ai trouvé le titre (comme beaucoup, je pense) et le résumé plutôt attirants. Pourtant, il ne m'a pas fallu longtemps avant de comprendre que j'allais détester ce roman. Effectivement, après avoir terminé ma lecture, si je ne devais décrire cette histoire qu'en un seul mot, je choisirais "gerbante". Attention, il va y avoir des spoilers...
On suit l'histoire de Diane, une pauvre petite femme éplorée après la mort simultanée de son mari Colin et de sa fille Clara. Un an et des poussières après cette horrible perte, Diane n'arrive pas à s'en remettre et décide de partir en Irlande pour tenter de se reconstruire. Sur place, elle se lie rapidement d'amitié avec les propriétaires du cottage que madame décide de louer pour une durée indéterminée, ainsi qu'avec la nièce du couple. En revanche, le neveu c'est une autre histoire. Pour on ne sait quelle raison, ils se détestent dès le départ et le développement de leur relation promet d'être explosif.
Par où commencer donc pour vous dire à quel point j'ai détesté Les gens lisent et boivent du café? Peut-être par vous parler de Diane, le personnage le plus insupportable auquel j'ai été confrontée dans un bouquin. Diane est sans cesse décrite comme une petite chose fragile. Elle pleure toutes les deux pages, elle tremble, elle manque de s'écrouler, elle se blottit dans les bras tout le monde et se fait même bercer telle une enfant. Diane est une femme un peu simplette, elle est naïve, et pas franchement débrouillarde. Bah oui, comprenez, depuis que son mari est mort Diane est perdue. À la maison, elle n'avait jamais rien fait toute seule, c'était Colin qui s'occupait de tout tellement il était fort et intelligent! En bref, Diane devient vite insupportable à force de ne rien savoir faire seule en dehors de passer son temps à chialer ou à tenter de nous faire chialer nous.
Pour continuer sur la même idée, j'ai absolument détesté la manière dont la Femme est représentée tout au long de l'histoire. En dehors de Diane la fragile, il y a Megan la grosse te-pu. Megan est une femme intelligente (d'ailleurs le seul personnage féminin à être décrit comme tel), c'est bien, sauf que Megan est aussi: "une salope", "une arriviste", "une garce", "une manipulatrice vicieuse", j'en passe et des meilleurs. On nous dit que Megan a de l'ambition, que c'est une femme d'affaires de talent, mais que pour réussir elle a absolument besoin d'un mec à ses côtés histoire de vraiment espérer atteindre le sommet de l'échelle sociale. Bah, oui, sans mec, comment une femme pourrait-elle avoir du succès dans sa carrière/sa vie? Sans oublier que la fin du bouquin se consacre à la "guerre" à laquelle Megan et Diane se livrent afin de gagner le coeur du bel étalon qu'est Edward. Les femmes doivent se battre (littéralement) pour un mâle, c'est la base! Monsieur, lui, n'a qu'à croiser les bras et admirer le spectacle, et au pire à la fin il peut toujours se permettre de choisir celle qu'il veut puisque de toute façon l'une comme l'autre, elles seraient prêtes à lui lécher les orteils s'il leur demandait! Non mais sérieux, ce bouquin est tellement misogyne que s'en est aberrant! Et dire que c'est écrit par une femme en plus... J'ai juste envie de vomir!
Les hommes aussi sont superbement représentés! D'abord, il y a Edward. Edward est un homme avec du caractère. Dès le début, il n'est pas très aimable, il aime faire la gueule et montrer ses gros bras. En effet, à plusieurs occasions on se demande s'il ne va pas frapper Diane qui a très peur et se retrouve en position fœtale à pleurnicher à maintes reprises. Faisons simple, Edward est un gros con, mais ça ne devrait pas nous empêcher de penser que c'est aussi le mec le plus attirant de la Terre entière. Après tout, c'est pas sa faute s'il est con, violent, misogyne et limite homophobe. Le pauvre petit bouchon, il a perdu papa et maman quand il était gosse et il a eu son petit coeur brisé par une méchante fille dont le seul but était de l'utiliser à ses propres fins tandis que lui l'aimait éperdument. Il a pas eu la vie simple cet Edward, du coup on lui pardonne tout, sans rancune! Non mais sérieusement, il faut avoir de la merde dans les yeux pour ne pas voir qu'Edward n'a rien de l'homme parfait! Il change d'avis comme de chemise, joue sans cesse au chevalier qui vient sauver sa dame en détresse, sauf qu'on lui a jamais rien demandé, et puis il pique ses petites crises pour un oui ou non dès que ça ne va pas dans son sens. Insupportable! Mais vous me direz, il va bien avec cette cruche de Diane! D'ailleurs à la fin, c'est Diane qui, à son tour, lui brise le coeur. Il a passé tout le bouquin à être un gros connard de première mais c'est quand même elle la méchante, faut pas déconner!
Enfin, il y a Félix, le meilleur ami gay de Diane. Félix est le stéréotype du gars gay comme un phoque qui passe sa vie à faire la teuf jusqu'à mépriser totalement son business qui, on se demande comment, tient pourtant le coup. Félix se tape aussi tout ce qui bouge et refuse catégoriquement d'envisager de se poser un jour. Sa seule relation longue durée est avec Diane, il n'hésite d'ailleurs pas à voler à sa rescousse au moindre petit chouinement. Félix est un gros cliché ambulant du meilleur ami gay dont absolument TOUTES les filles rêvent, et pourtant c'est quand même le personnage que j'ai sans doute le plus réussi à supporter... C'est le moins con, je crois.
Pour finir, même si je pourrais sans doute continuer pendant des pages et des pages à rager sur cette daube en boite qu'est Les gens heureux lisent et boivent du café, je voudrais juste savoir si Agnès Martin-Lugand est sponsorisée par l'industrie du tabac...? Non parce que ça y va dans le livre! D'ailleurs la vie de Diane pourrait se résumer facilement: pleurnicher, café, cigarette, pleurnicher, cigarette, pleurnicher, cigarette, cigarette, café, cigarette, pleurnicher [...]. Un vrai chef d'oeuvre en somme!
Un conseil, passez votre chemin!