Étrange livre. L'Histoire est intéressante. L'histoire l'est beaucoup moins.
L'Histoire, c'est celle d'une guerre inégale et mal préparée.
L'histoire, c'est celle de personnages à peine esquissés, sans substance. Ils sont des supports pour l'Histoire, mais ne créent aucun attachement. Les astuces et les tensions dans le quotidien d'un sniper, c'est très prenant. Les dures réalités du quotidien des soldats et petites anecdotes intelligemment intégrées au récit, c'est sympathique. Mais les personnages ont une psychologie limitée : des gentils finlandais qui supportent, des méchants russes terrorisés par Staline.
On peut remercier Olivier Norek de mettre en lumière une part d'histoire méconnue, et regretter le manque de subtilité. En URSS, Staline était en partie craint, mais il était aussi sincèrement adoré.
Les officiers politiques qui menacent les officiers militaires d'une balle dans la nuque dès le 1er jour pour transformer la réalité, comme s'ils n'étaient pas dans le même camp, c'est un peu too much. Dès que l'auteur raconte le côté soviétique, on rentre dans un anticommunisme primaire : oui des rapports sont falsifiés, oui des ordres stupides sont appliqués, mais de là à en faire un bal de cyniques et de lâches... On appréciera que n'importe quel péquenaud finlandais connaisse l'Holodomor et ses chiffres en détails alors que les historiens - toujours pas d'accord sur le sujet - n'en avaient encore aucune idée précise en 1939.
Ma note est dure. Le livre est efficace et appréciable, malgré quelques répétitions. C'est l'unanimité de la presse dithyrambique qui m'exaspère. Il s'agit pour eux de faire une analogie malencontreuse avec la situation entre l'Ukraine et la Russie. Aussi subtil que l'auteur, ancien officier de police, parlant des rouges.
On regrettera que Léa Salamé et ses comparses n'aient pas aussi fait l'analogie entre Macron et Daladier, deux centristes républicains qui donnent le champ libre à l'extrême droite, et dont les lâches tactiques les rendent totalement inefficaces aussi bien au niveau national qu'international.