Norvège, XIXème siècle, Dina.


Dans un décor enneigé et montagneux, le parcours initiatique d’une jeune femme qui a su prendre conscience au fil du temps de sa condition d’esclave : esclave de son passé traumatisant, du poids d’une société marquée par l’hypocrisie et la médisance, de son mari dépravé de 48 ans auquel elle a été mariée alors qu’elle n’avait que 16 ans.


Le combat de Dina, enfant hyper-sexualisée dès son plus jeune âge en raison du lien puissant l’unissant à la terre et au vent, à cette sauvagerie tant décriée et faisant l’objet des fantasmes les plus sombres, et pourtant si pure et innocente.


« Elle était une enfant qui n’avait d’autre rôle que d’être la femme-enfant de Jacob »


Facile de rejeter la faute sur cette enfant dont personne n’a su offrir une éducation adaptée en prenant en compte ses besoins psychiques suite à la mort tragique de sa mère dont elle est injustement tenue responsable. Assimilée à un animal, on banalise son comportement alors que celui-ci est explicitement pathologique. Dina est alors dans l’incapacité de saisir les regards que l’on porte sur elle et de comprendre que son mari utilise sa fragilité et son impulsivité animale à des fins sexuelles. Les rapports charnels qu’elle entretient avec cet homme prennent la forme d’un jeu sauvage dont elle ne saisit ni l’enjeu ni l’atteinte physique et mentale que cela implique. Pour elle, avoir un corps-à-corps avec lui revient à grimper à un arbre ou jouer de son violoncelle. Dina n’a aucune notion de son rapport au corps et sa sensualité apparaît donc comme amorale, ce qui lui vaut l’image d’une femme-diablesse malgré elle.


On pourrait qualifier ce roman de conte initiatique à la manière de Chihiro qui encore enfant se retrouve piégée dans un monde d’excès. Certains pensent que Miyazaki a voulu aborder dans son œuvre le thème de la prostitution enfantine qui était chose commune dans le Japon de la période Edo (XVIIe – XIXe). Comme Dina, Chihiro devra mener à bien sa quête d’identité afin de s’affirmer et surmonter le passage à l’âge adulte comme il se doit.

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le 24 juil. 2019

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