Course-poursuite à Hong Kong

Cette quinzième aventure de l'inspecteur Harry Bosch apporte un peu de fraîcheur à une saga qui commençait doucement mais sûrement à tourner en rond. Pourtant, durant la première partie du livre, le flic sexagénaire fait équipe avec un agent de l'Asian Gang Unit pour résoudre le meurtre d'un commerçant chinois, et tout semble indiquer qu'il va vivre une enquête comme les autres. Mais soudain, tout bascule, et les évènements prenant une tournure personnelle, nous allons vivre en temps réel une très longue course contre la montre dans les rues de Hong-Kong…

Depuis quelques années, certains reprochent à Michael Connelly d'enchaîner un peu trop rapidement les livres, et s'il y a du vrai là-dedans, il faut bien avouer que l'écrivain américain n'a rien perdu de son sens du rythme. Comme d'habitude, il n'y a pas de temps mort, le style sans fioriture retranscrit bien l'urgence de la mission de Bosch, et pour les amateurs de sensations fortes, c'est un vrai régal à lire.

Mais tout de même, toute cette histoire de triades chinoises est un peu trop grosse pour être vraie... A la manière d'un Jack Bauer dans "24 Heures Chrono", Hieronymus a un peu trop tendance à s'attirer tous les ennuis de la Terre, et malgré ses 60 ans, on ne le sent jamais en danger : l'ancien détective privé possède un instinct supérieur à la moyenne, il tire plus vite que son ombre, et même face à 3 ou 4 mafieux armés jusqu'aux dents, il semble toujours invincible.

Le changement de pays aurait pu déstabiliser notre super-héros, mais il n'en est rien, et Harry mène sa traque tambour battant comme s'il était à Los Angeles, et bien évidemment, il n'est jamais à court d'indices… Personnellement, même si j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre, j'aurais apprécié que l'auteur ralentisse parfois le rythme pour nous faire ressentir toute la détresse de son héros face à une situation doublement cauchemardesque : l'analyse psychologique de ses personnages a toujours été l'une des forces de Connelly, mais depuis quelques années, l'auteur à la barbichette semble accorder moins d'importance aux états d'âme de ses héros, et c'est bien dommage.

Comme d'habitude, les dernières pages regorgent de révélations, mais le twist final est tellement aberrant qu'il laisse penser que Connelly a relevé une énorme incohérence lors de sa relecture finale (incohérence exprimée par le lieutenant Gandle à la page 397). L'explication avancée par l'un des personnages dans les 2 dernières pages est invraisemblable, et il est impossible de croire à un tel concours de circonstances malheureuses (la vidéo ET l'appel reçus à quelques heures d'intervalle, ben voyons…).

Néanmoins, ce livre très porté sur l'action reste un épisode charnière dans la saga Bosch. En quelques lignes (page 243), Michael Connelly a chamboulé tout l'univers de Harry, et après ce roman efficace mais sans génie, on se doute que plus rien ne sera jamais pareil dans la vie de notre rat de tunnel préféré.